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L’ONG Transparency international a publié ce mardi son rapport 2013 sur la corruption : la France y est classée 22e sur 177 pays. Mais le gouvernement Ayrault, poussé à l'action par l'affaire Cahuzac, a légiféré depuis.

Entre les Français et leurs élus, la défiance règne et s’enlise. Comme en 2012, la France stagne au 22e rang de l'Indice de perception de la corruption (IPC), selon l’ONG Transparency international qui présentait mardi 3 décembre son rapport 2013.

L’organisation, qui œuvre pour la transparence et l’intégrité dans la vie publique, a mis en place un outil de mesure qui combine, pour 177 pays, plusieurs études et sondages réalisés par différents organismes indépendants au cours des 24 derniers mois. D’après ses évaluations, la France reste à la traîne et se place au 10e rang européen, derrière la Finlande, le Danemark, la Suède, les Pays-Bas, le Luxembourg, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Belgique et l’Irlande.
Partis politiques, entreprises et médias sur le podium
Selon le "baromètre de la corruption" de Transparency, 90 % des Français interrogés considèrent que la corruption est un problème qui concerne principalement le secteur public. Quant au podium des corrompus : les partis politiques prennent la tête, devant les entreprises, les médias, le Parlement, l'administration et la police. Les seuls à échapper au couperet de l’opinion sont les élus locaux. Selon l’association, 57 % des sondés disent avoir confiance en leur maire.
En cause, d’après l’organisation : les multiples scandales financiers (l’affaire Karachi, Guérini, Woerth-Bettencourt, etc. ), l’opacité des processus de décision publique et l’entrave au fonctionnement de la justice qui ont, selon l’ONG, creusé le fossé entre les Français et leurs élus. En janvier 2013, 82 % des Français jugeaient que les responsables politiques "agissaient principalement pour leurs intérêts personnels", selon un sondage Ipsos Public Affairs.  
L’affaire Cahuzac a entraîné une accélération des réformes
Pour ne pas aider, l’affaire Cahuzac en 2013 a suscité un nouveau séisme dans l’opinion. Mais pour Transparency,  il a surtout eu l’avantage d’accélérer les réformes en matière de transparence de la vie publique et de la lutte contre la délinquance financière. Annoncés dans la foulée du scandale, ces projets de loi sur la moralisation de la vie publique ont été adoptés, après de houleux débats à l’Assemblée, en septembre 2013.
Aussi, malgré le mauvais classement de la France, Transparency International - qui a dressé son indice à partir de sondages effectués avant le scandale Cahuzac et la réponse socialiste qui y a été apportée - dresse donc un bilan "globalement positif". "Des initiatives ont été prises dans tous les domaines pour lesquels le candidat François Hollande avait pris des engagements en réponse aux propositions de l’association : prévention des conflits d’intérêts, transparence de la vie politique, cumul des mandats, protection des lanceurs d’alerte, lutte contre la fraude fiscale... " peut-on lire dans le rapport.
Il reste des efforts à fournir
Cependant, l’organisation note que "la bataille de la transparence est loin d’être gagnée". La mise en application de ces lois reste un enjeu. En effet, la vive résistance lors des débats parlementaires "laissent présager une phase de mise en œuvre difficile", redoute Transparency. La publication des déclarations de patrimoine des parlementaires et élus locaux, par exemple, avait fait grincer bien des dents à l’Assemblée, se soldant sur un texte revu à la baisse : pas de publication des patrimoines finalement, mais seulement la possibilité pour les citoyens de les consulter en préfecture.
"Après le choc de l’affaire Cahuzac, un défaut d’application de ces lois aurait des conséquences extrêmement graves", prévient Transparency International qui demande aux candidats aux élections municipales 2014 de s’engager à respecter le non-cumul des mandats et à publier leur déclaration de patrimoine. Une gageure.