
Ahmed al-Charaa et Donald Trump à la Maison-Blanche, le 10 novembre 2025. © AFP
De la liste noire des terroristes à la Maison Blanche. Lundi 10 novembre, Donald Trump a reçu Ahmed al-Charaa, une première pour un dirigeant syrien et une consécration pour l'ancien chef jihadiste.
Arrivé discrètement à 11 h 37 locale (16 h 37 GMT) à la Maison Blanche, le président intérimaire syrien est passé par une entrée latérale, sans le protocole habituellement réservé aux chefs d'État et de gouvernement étrangers, que le président américain vient presque toujours accueillir sur le perron.
Les journalistes n'ont pas non plus été conviés dans le Bureau ovale en présence des deux dirigeants, comme c'est généralement le cas lors de visites officielles.
Ahmed al-Charaa a quitté les lieux aux alentours de 13 h 20 locales (18 h 20 GMT), et s'est arrêté quelques instants pour saluer des partisans qui l'acclamaient devant la Maison Blanche.
La présidence syrienne a publié un communiqué laconique, accompagné de quelques photos, indiquant que les deux dirigeants avaient évoqué "les manières de développer et renforcer" la relation bilatérale, ainsi que "plusieurs sujets régionaux et internationaux".
"Très bon travail"
Le département d'État a annoncé à l'occasion de cette visite historique une nouvelle pause de 180 jours des sanctions américaines de la loi César, qui imposait des sanctions américaines contre le pouvoir du dictateur Bachar al-Assad, et qui avait déjà été suspendue en mai.
Mais la levée complète de cette loi adoptée en 2019, qui bannissait la Syrie du système bancaire international et des transactions financières en dollars, passe par un vote du Congrès.
Pendant la visite du président intérimaire syrien, dont la coalition islamiste a renversé le dirigeant de longue date Bachar al-Assad en décembre 2024, Damas devait signer un accord pour rejoindre la coalition internationale antijihadiste menée par Washington, selon l'émissaire américain, Tom Barrack.
Les États-Unis, eux, prévoient d'établir une base militaire près de Damas, "pour coordonner l'aide humanitaire et observer les développements entre la Syrie et Israël", selon une autre source diplomatique en Syrie.
Vendredi, Washington avait retiré le dirigeant syrien de la liste noire des terroristes. Depuis 2017 et jusqu'à décembre dernier, le FBI offrait une récompense de 10 millions de dollars pour toute information menant à l'arrestation du leader de l'ancienne branche locale d'Al-Qaïda, le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS).
Jeudi, le Conseil de sécurité de l'ONU avait aussi levé les sanctions contre Ahmed al-Charaa, à l'initiative des États-Unis.
La Syrie, prochain signataire des accords d'Abraham ?
Dès sa prise de pouvoir, le dirigeant syrien a rompu avec son passé, multipliant les ouvertures vers l'Occident et les États de la région, dont Israël avec lequel son pays est théoriquement en guerre.
Il a toutefois aussi promis de "redéfinir" la relation de son pays avec la Russie de Vladimir Poutine, allié-clé de Bachar al-Assad, qu'il a rencontré à Moscou il y a moins d'un mois.
Les présidents américain et syrien devaient également évoquer les négociations entamées par les autorités syriennes avec Israël, qui cherche à obtenir le retrait de l'État hébreu des zones du sud du pays, occupées après la chute de Bachar al-Assad.
En mai, Donald Trump avait pressé son homologue syrien de rejoindre les accords d'Abraham, qui ont vu plusieurs pays arabes reconnaître Israël en 2020.
Avec AFP
