FRANCE 24 a appris que le juge anti-terroriste français Marc Trévidic avait obtenu d'Alger l’autorisation d’exhumer les têtes des moines de Tibéhirine, décapités en 1996. Il ne peut toujours pas, en revanche, interroger les témoins de l'affaire.
Sa visite de trois jours à Alger aura été efficace. Près de deux ans après avoir délivré une commission rogatoire internationale aux autorités algériennes, le juge français Marc Trévidic a finalement obtenu le droit d’enquêter sur l'assassinat, datant de mai 1996, des sept moines trappistes français de Tibéhirine.
Une source proche du dossier a affirmé à FRANCE 24 que le juge français, rentré d’Alger mercredi 27 novembre, avait obtenu l’accord pour exhumer les têtes des victimes - leurs corps n’ayant jamais été retrouvés - en vue de procéder à des expertises médico-légales. Marc Trévidic retournera donc en Algérie avec sa propre équipe, et travaillera avec des experts algériens.
Contrairement à certaines informations relayées dans la presse algérienne, le juge n’a, en revanche, pas encore obtenu l’accord pour procéder à l’interrogatoire d’une vingtaine de témoins de l’affaire, parmi lesquels des officiers supérieurs des services de renseignement et des islamistes repentis ou incarcérés.
Exhumations possibles au printemps
Aucune date d’exhumation n’a, pour l’heure, été fixée mais les conditions météorologiques hivernales laissent penser que les travaux ne débuteront pas avant le printemps, lorsque les sols ne seront plus gelés. Les éléments scientifiques qui ressortiront des autopsies pourront dès lors être confrontés aux différents récits du drame et déterminer si la décapitation des religieux a eu lieu post-mortem.
Malgré une revendication du Groupe islamique armé (GIA), 17 ans après les faits, la piste islamiste est largement remise en cause par le juge Trévidic qui instruit le dossier depuis 2007. Depuis 2009, l'enquête judiciaire étudie également l’hypothèse d’une bavure de l'armée algérienne qui, après avoir accidentellement tué les moines, les aurait décapités pour maquiller le drame et l’imputer aux islamistes.