Les manifestants pro-européens continuent de mettre la pression sur le gouvernement ukrainien après son refus, la semaine dernière, de signer l'accord d'association avec Bruxelles. Ioulia Timochenko a entamé une grève de la faim en soutien.
Une nouvelle révolution orange est-elle en marche ? Lundi soir, 20 000 manifestants étaient encore massés sur la place de l’Indépendance, à Kiev, capitale ukrainienne, pour faire plier le gouvernement accusé à avoir tourné le dos à un accord d’association avec l’Europe. La veille, des dizaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées dans le centre de la capitale, la plus vaste manifestation depuis la Révolution Orange de 2004.
Des milliers d'opposants pro-européens ont manifesté ces derniers jours dans plusieurs villes d'Ukraine, notamment à Kiev, pour protester contre cette décision prise, d’après l'opposition, sous la pression de la Russie. Les rassemblements ont été marqués par des échauffourées avec la police anti-émeute qui a eu recours aux matraques et aux gaz lacrymogènes, selon les protestataires.
Ioula Timochenko : "Chaque parcelle de moi est avec vous"
Les manifestants ont reçu, lundi 25 novembre, le soutien de l’ex-Premier ministre ukranienne, Ioulia Timochenko, égérie de la Révolution orange toujours incarcérée pour abus de pouvoir. Elle a entamé lundi une grève de la faim : "J’entame une grève de la faim illimitée pour demander au [président ukrainien Viktor] Ianoukovitch de signer l'accord d'association avec l'UE", a-t-elle déclaré au travers de son avocat.
Si Viktor "Ianoukovitch ne signe pas notre accord avec l'Union européenne, rayez-le de la carte par une voie pacifique et constitutionnelle !", a-t-elle demandé, avant le sommet du Partenariat oriental de l'UE à Vilnius jeudi et vendredi prochains. "Cela me fait du mal de ne pas pouvoir être avec vous physiquement [...] mais chaque parcelle de moi est avec vous et croit en notre victoire", a ajouté Ioulia Timochenko.
Son soutien n’est pas forcément pour plaire aux manifestants qui craignent la récupération d’un mouvement non partisan : "Le parti de Ioulia Timochenko s’est emparé d’un mouvement à la base non partisan, spontané, organisé par la société civile", précise Gulliver Cragg, correspondant de FRANCE 24 à Kiev. it
EN VIDEO : Gulliver Cragg, correspondant de FRANCE 24 en Ukraine
Le président Ianoukovitch appelle à la paix
De son côté, le président ukrainien a appelé à la paix, dans sa première déclaration officielle après l'annonce la semaine dernière de la décision du gouvernement de renoncer signer l’accord historique.
"Je veux que la paix et le calme règnent dans notre grande famille ukrainienne", a déclaré le chef de l’État, dans une vidéo adressée à la nation mise sur son site officiel. "Parfois, je suis obligé de prendre des décisions difficiles et je risque d'être incompris (...). Mais je ne ferai jamais rien au détriment de l'Ukraine et de son peuple, je veux que les gens le sachent", a-t-il souligné.
Le gouvernement ukrainien a décidé brusquement la semaine dernière de renoncer à la signature de cet accord historique entre l'ancienne république soviétique et l'UE, en expliquant sa décision "exclusivement par des raisons économiques" et soulignant que celle-ci ne remettait pas en cause l'orientation européenne du pays. Mais l'opposition a aussitôt accusé le gouvernement d'avoir cédé à la pression de Moscou. Pour sa part, Bruxelles a souligné que l'offre était toujours valable.
"Si Viktor Ianoukovitch a toujours promis d'aller vers l'Europe depuis son élection en 2010, ce qui n'était peut-être pas son orientation naturelle, lui qui est un Ukrainien russophone, c'est bien qu'il avait compris que l'Europe, c'est la volonté du peuple", ajoute Gulliver Cragg.
L’accord devait être signé vendredi prochain. D’ici là, les manifestants, soutenus pas une grande partie de l’opinion, ont promis qu’ils ne relâcheraient pas la pression sur le gouvernement.
Avec dépêches AFP et AP