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La France satisfaite mais prudente sur l'accord avec l'Iran

Paris a obtenu satisfaction sur l’accord sur le nucléaire iranien, signé dimanche à Genève. Le 10 novembre, elle avait bloqué les négociations en exigeant davantage d'engagements de la part de Téhéran.

"Les discussions ont été longues, difficiles. La France y a joué tout son rôle car nous voulions un accord solide". À l’issue de quatre jours d’âpres négociations sur la régulation des activités nucléaires de l'Iran, lors d’une déclaration éclair à la presse, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, s’est montré satisfait par l’accord, conclu dans la nuit de samedi 23 à dimanche 24 novembre l’Iran et les grandes puissances.

Même réaction du côté de l’Élysée, où dans un communiqué publié dimanche matin, le président François Hollande a salué cet accord, représentant "un pas important dans la bonne direction". La conclusion de ces négociations de Genève, poursuit la présidence, "constitue une étape vers l’arrêt du programme militaire nucléaire iranien et donc vers la normalisation de nos relations avec l’Iran".

Il y a deux semaines, le 10 novembre, la France avait pourtant provoqué l’échec du précédent cycle de négociations au sujet de l’épineux dossier. Paris craignait un marché de dupes trop favorable à la République islamique et souhaitait voir inclus dans l’accord quatre engagements supplémentaires de Téhéran : une mise sous surveillance internationale de l’intégralité des installations nucléaires iraniennes, une suspension de l’enrichissement à 20 % de l’uranium, une réduction des stocks d’uranium enrichis à 20 % déjà existants, et un arrêt des travaux dans la centrale à eau lourde d’Arak.

"La France peut être satisfaite des résultats obtenus"

L’accord signé dimanche à Genève "respecte les exigences posées par la France", s’est réjouit la présidence française dans son communiqué. Pour Laurent Fabius, "cet accord confirme le droit de l’Iran à l’énergie nucléaire civile, mais il exclut totalement la possibilité d’accès au nucléaire militaire". François Nicoullaud, politologue et ambassadeur de France à Téhéran entre 2001 et 2005, estime que la France a bel et bien obtenu ce qu’elle demandait. "Entre la dernière réunion, où Laurent Fabius avait bloqué les discussions, et aujourd’hui, l’accord a été renforcé par un certain nombre de points nouveaux, confirme-t-il. Les contrôles [des installations nucléaires iraniennes, NDLR] ont été manifestement renforcés, la France peut être satisfaite des résultats obtenus".

En bloquant le premier cycle de négociations, Paris s’était attirée les louanges d’Israël, des pays du Golfe et du camp conservateur américain. "La France a eu le courage d’empêcher un très mauvais accord avec l’Iran", s’était exclamé le sénateur républicain John McCain sur Twitter. Mais les autorités françaises avaient en même temps essuyé nombre de critiques, certaines accusant Paris de vouloir tacler la diplomatie américaine en représailles à une non-intervention américaine au Mali et en Syrie. Une théorie que François Nicoullaud balaie du revers de la main. "On essaie toujours de trouver des éléments psychologiques à telle ou telle décision politique. Mais les Français, qui se considèrent comme les vestales de la non-prolifération nucléaire, se sont concentrés sur le contenu de cet accord, et ont donc veillé avec minutie et attention à tous les détails".

Les autorités françaises se montrent donc satisfaites, mais prudentes. Elles attendent de voir si, dans six mois, l’Iran aura respecté tous les points de l’accord, souligne une source diplomatique française interrogée par FRANCE 24. Car pour l’heure, le texte paraphé à Genève n’est qu’un accord intermédiaire d’une durée de six mois, qui, s’il est respecté, pourra éventuellement aboutir à un accord global. Pour l’heure, la date de sa mise en application n’est pas encore connue. De même que ses détails, notamment sur le volet de l’allègement des sanctions, devraient être convenus cette semaine.