Les six ministres des Affaires étrangères du G5+1 étaient réunis, samedi à Genève, pour une phase cruciale des négociations sur le nucléaire iranien. Pour l'heure, aucun accord n'a été annoncé.
À Genève, la prudence reste de mise. Après une décennie de négociations, un accord sur le nucléaire iranien semblait, samedi 23 novembre en fin de soirée, être en passe d’aboutir. États-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne... les 5+1 ont tous dépêché les chefs de leur diplomatie dans la métropole helvète. Certains observateurs voient là un signe encouragant, la preuve que les négociations sont véritablement entrées dans une phase cruciale.
“Un accord historique est sur le point d’être trouvé, mais des détails bloquent encore”, affirme Antoine Mariotti, le journaliste de FRANCE 24 dépêché sur place. Selon ses sources diplomatiques, les Occidentaux pourraient accorder à l’Iran le droit d’enrichir de l’uranium à 3,5 % pour sa production électrique. En contrepartie, Téhéran aurait accepté d’éliminer son stock enrichi à 20 % (un taux proche du seuil militaire). Il resterait alors sur la table des négociations le cas de la centrale en construction d’Arak, dont le réacteur à eau lourde serait capable de produire d’importantes quantités de plutonium, une alternative pour se doter de la bombe atomique.
itReste également en suspend la question de la levée des sanctions contre l’Iran. Peu de détails filtrent et les négociations vont se poursuivre “jusqu’à très tard dans la nuit”, selon Antoine Mariotti. Uen annonce pourrait intervenir avant le départ imminent de John Kerry. Pour l’heure, les différentes déclarations des ministres des Affaires étrangèresont montré de l’espoir, une motivation certaine mais aussi quelques réserves.
Timide espoir
"Sur le nucléaire iranien, je souhaite un accord, mais un accord solide, et je suis là pour y travailler", a déclaré Laurent Fabius dès son arrivée, tôt samedi matin. Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe, a pour sa part affirmé voir "une vraie chance" d'arriver à un accord, selon un communiqué de son ministère publié samedi. Le ministre des Affaires étrangères allemand s'est montré plus réservé à son arrivée sur les bords du lac Léman : "Ce n'est pas fait. Il y a une vrai chance, mais il y a encore beaucoup de travail à accomplir", a-t-il déclaré.
La diplomatie chinoise a annoncé, quant à elle, que les discussions avaient "atteint leur moment final", d’après l’agence Chine nouvelle.
Pour le ministre des Affaires étrangères britannique : "cela reste des négociations très difficiles, a-t-il déclaré. Nous ne sommes pas forcément là parce que les choses sont terminées. Il y a de minces divergences, mais elles sont importantes", a regretté William Hague. Selon lui, les points de blocages sont les mêmes que lors du précédent cycle de négociations, qui s'est déroulé du 7 au 9 novembre.
Du côté de l'Iran, on insiste sur les points de désaccord. "Deux ou trois points de divergences persistent, mais les deux parties se sont rapprochées d'un accord. Il faut voir si nous pouvons régler les différences", a déclaré samedi matin le chef des négociateurs iranien à l'agence Fars, qui a ajouté que son pays s'opposera à toute "demande excessive" le privant de ses droits.
Progrès
Toutefois, la présence de tous les ministres des Affaires étrangères laisse croire à un accord. "Toutes ces arrivées de ministres, c'est évidemment très bon signe", affirme Antoine Mariotti. "Il y a peu de chances que tous ces ministres aient fait le déplacement pour rien", ajoute-t-il.
Vendredi soir, le chef de la négociation iranienne, Abbas Araghchi, a constaté que les positions de chaque camp s'étaient "rapprochées d'un accord dans une bonne mesure. Mais malgré les progrès faits aujourd'hui [vendredi, NDLR] il reste des questions importantes" à régler, a-t-il déclaré, cité par l'agence Mehr. Il n’a ainsi "ni confirmé ni démenti" les informations de la presse iranienne selon lesquelles le groupe des 5+1 avait accepté le droit, revendiqué par Téhéran, d'enrichir l'uranium sur son sol.
Avec dépêches (AFP et REUTERS)