
Après la dispersion des manifestants, mardi, des mandats d'arrêt ont été lancés contre l'ex-Premier ministre thaïlandais et douze de ses partisans pour "rassemblement illégal, menace de violence et atteinte à la paix civile".
Des mandats d'arrêt ont été émis mardi contre l'ex-Premier ministre thaïlandais en exil Thaksin Shinawatra et douze de ses partisans à la suite des désordres dans le royaume, selon la police. "Thaksin et ses alliés ont été inculpés par un tribunal pour rassemblement illégal de plus de dix personnes, menace de violence et atteinte à la paix civile", précise notamment le mandat d'arrêt.
Mardi midi, la marée des chemises rouges massée devant le siège du gouvernement, à Bangkok, avait commencé à se disperser après une nuit agitée. Des centaines d’opposants au Premier ministre thaïlandais, Abhisit Vejjajiva, ont quitté l'endroit, où ils campaient depuis le 26 mars, mettant fin à un siège de trois semaines.
"Nous avons eu des discussions entre nous depuis la nuit dernière et avons décidé de nous disperser", a déclaré une dirigeante des manifestants, Prateep Ungsongtham Hata. "Nous ne nous rendons pas (aux autorités, NDLR), nous dispersons seulement le rassemblement car nous n'avons rien fait de mal", a-t-elle ajouté.
Cette dispersion, qui se déroule apparemment dans le calme, fait suite à un week-end très agité, dont les événements les plus violents se sont déroulés lundi soir. Quelque 2 500 manifestants antigouvernementaux s’étaient massés devant le siège du gouvernement, cernés par des centaines de soldats, dans une atmosphère tendue. Bangkok s’enfonçait dans "l’anarchie", selon le correspondant de FRANCE 24 dans la région, Cyril Payen.
Deux morts dans des affrontements
Pendant toute la journée de lundi, les manifestants ont dressé des barricades, incendié des autobus et riposté à coups de cocktails molotov et de pavés aux militaires qui tiraient des coups de semonce à l'arme automatique et tentaient de contenir la foule avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau.
En fin de journée, Cyril Payen a été le témoin de "scènes extrêmement violentes" au cours desquelles des habitants de Bangkok se sont attaqués aux manifestants en chemises rouges. Ces scènes ont eu lieu jusque dans le quartier touristique de Bangkok. Deux hommes de 19 et 54 ans, présentés comme de simples résidents du voisinage, ont été tués par balles, selon le gouvernement et les services d'urgence.
Selon le journal "The Nation", qui cite des témoins de la scène, des manifestants auraient pris d'assaut un marché local en début de soirée, vers 20H30 (heure locale). Craignant qu’ils ne mettent le feu au quartier, certains habitants se seraient interposés et, au cours d’une bagarre, trois personnes auraient été blessées par balles. Quelques minutes plus tard, deux hommes décédaient à l'hôpital.
Thaksin "prêt à y aller"
Mardi matin, le chef de la police thaïlandaise a affirmé que les leaders des manifestants antigouvernementaux seraient poursuivis en justice pour avoir violé l'état d'urgence à Bangkok.
De son côté, l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, dont les chemises rouges sont de farouches partisans, a entretenu la confusion depuis son lieu d’exil.
Sur la chaîne américaine "CNN", Thaksin a ainsi accusé les autorités de mentir à propos des victimes, affirmant que "de nombreuses personnes (étaient) mortes" et que leurs corps avaient été emmenés par des camions militaires. Rendant hommage aux "manifestants pacifistes", il a aussi évoqué son retour en Thaïlande : "Je suis prêt à y aller".