
L’Égypte affronte le Ghana, mardi, pour tenter d’obtenir son billet pour le Mondial-2014 au Brésil, après avoir perdu le match aller 6-1. Une déroute à l’image de l’état du football national, en crise depuis la révolution de 2011.
Violences dans les stades, compétitions suspendues depuis des mois... Le football égyptien subit actuellement la pire crise de son histoire. Une asphyxie qui touche également l’équipe nationale. Les Pharaons, balayés par le Ghana 6-1 lors du match aller des barrages qualificatifs pour le Mondial-2014, n’ont pratiquement plus aucune chance de se rendre au Brésil en juin prochain.
La déroute de cette sélection historique du football africain est à l’image de ce qui se passe au niveau national. Les envoyés spéciaux de FRANCE 24 se sont rendus à l’entraînement de l’équipe de Zamalek, l’un des deux grands clubs du Caire. S’entraîner, l’activité désormais principale des joueurs de cette équipe, qui n’ont que très rarement l’opportunité de participer à des compétitions.
Une situation qui impacte lourdement la qualité du jeu en Égypte, confie Helmy Toulon, l’entraîneur de Zamalek. “D’un point de vue technique, le niveau des joueurs est très bas aujourd’hui. Il n’y a pas de championnat, pas de coupes… La vie s’est arrêtée, le football s’est arrêté en Égypte.”
Pour les joueurs, la situation devient également intenable. “C’est vraiment déprimant d’être resté deux ans sans jouer aucune competition. Parfois, on n’a même pas été payé pendant six mois !”, déplore Ismail Yousouf, milieu de terrain du club.
"Entre 15 et 20 joueurs ont quitté le pays”
Et l’équipe de Zamalek est loin d’être un cas isolé. Depuis 2011, les finances de nombreux clubs égyptiens sont dans le rouge. Sans match, pas de revenus publicitaires et pas de sponsors. De nombreux footballeurs égyptiens ont donc tout simplement quitté le pays, regrette Azmi Mugahid, le porte-parole de la Fédération Égyptienne de Football : “Beaucoup de joueurs sont partis. Certains sont allés dans d’autres pays arabes, notamment en Irak, et d’autres sont allés en Europe… Entre 15 et 20 joueurs ont quitté le pays.”
Face à cette crise, les supporters veulent s’impliquer et obtenir au plus vite la reprise du championnat. Mais la question de la sécurité dans les stades se pose toujours, un an et demi après la tragédie de Port Saïd, où plus de 70 personnes avaient été tuées. Aujourd’hui, les supporters se disent prêts à assurer eux-mêmes la sécurité.
“Ce serait possible, parce que les supporters de Zamalek sont très bien organisés. C’est comme ça qu’on pourrait le faire. Mais les autorités vont peut-être refuser, parce qu’ils ont peur que de nouvelles violences éclatent dans les gradins”, explique Ahmed Bahr, un supporter de Zamalek.
Malgré ces questions toujours en suspens, les responsables du football égyptien affichent toujours un relatif optimisme. À la fédération, on évoque même une reprise du championnat national dès la fin du mois de novembre. Un prérequis indispensable pour que le football égyptien puisse entamer sa reconstruction.