logo

Afrique du Sud : son procès reporté, Julius Malema bénéficie d'un sursis sur la scène politique

Poursuivi pour corruption et racket, entre autres, Julius Malema, leader du parti nationaliste radical Les Combattants de la liberté économique, pourra participer aux élections générales de 2014 en Afrique du Sud. Son procès a été ajourné d’un an.

À peine commencé, sitôt reporté. Le procès de Julius Malema, l’ex-chef de la ligue de la jeunesse du Congrès national africain, a été ajourné au 30 octobre 2014 pour une obscure raison technique. Le jeune tribun, chassé du parti au pouvoir par Jacob Zuma en 2012, est sous le coup de 55 chefs d’inculpation. Il est notamment accusé de fraude, de blanchiment d’argent, de corruption et de racket pour une affaire d’appel d’offres présumée tronquée dans sa région d’origine (accessoirement dirigée par ses amis politiques), le Limpopo, au bénéfice d’une société dont sa famille est actionnaire.

À son arrivée au tribunal, le trentenaire a une nouvelle fois clamé son innocence. "Je ne vous ai jamais volé, je ne volerai jamais les pauvres, je lutte pour les pauvres", a-t-il adressé à ses partisans, qui manifestaient à l’extérieur du tribunal de Polokwane, dans le nord du pays. Reconnaissables à leurs bérets rouges révolutionnaires, des centaines de membres du nouveau parti de Julius Malema, les Economic Freedom Fighters (EFF) – les Combattants de la liberté économique – avaient, dans la nuit, organisé une veillée de soutien.
"Procès politique"
Julius Malema, qui se disait "prêt à tuer pour Jacob Zuma" [actuel président sud-africain] lors de son accession à la présidence de la Jeunesse de l’ANC en 2008,  s’en prend aujourd’hui violemment aux instances dirigeantes du pays, qu’il accuse de vouloir écarter du pouvoir. "Ils pensaient qu’en m’arrêtant, ils me réduiraient au silence. Ils pensaient que je demanderai pardon, mais je ne le ferai jamais !" a-t-il lancé à son arrivée au tribunal, dénonçant un "procès politique" visant à le "mettre hors d’état de nuire" avant les élections générales d’avril 2014.

La date du report de son procès a, au moins, le mérite de lever le doute sur les intentions des autorités à son égard : Julius Malema, "Juju" pour ses partisans, devrait comparaître plusieurs mois après cette échéance législative cruciale, où il compte représenter l’EFF. Le populiste et ambitieux Julius a fondé ce parti nationaliste radical en octobre dernier, avec, comme programme, la nationalisation des mines et une réforme agraire calquée sur celle opérée par le tout puissant Robert Mugabe au Zimbabwe voisin. Pour l’heure, son parti n’est crédité que de 4 à 7 % d'intentions de vote.

"C’est votre terre"

L’homme, qui a grandi dans un township de Seshego et qui a été élevé par une mère célibataire, trouve succès auprès de l’immense majorité noire sud-africaine qui vit toujours dans une extrême précarité, 18 ans après la fin de l’apartheid. Ses discours, appelant à une redistribution "sans compensation" des terres des fermiers blancs, font mouche chez ces oubliés de la Nation arc-en-ciel. "C'est votre terre ! a-t-il clamé lors du lancement de l’EFF. Vous n'avez pas à payer pour cette terre. Elle a déjà été payée par la sueur de nos pères. Eux [les Blancs] voudraient que nous nous mettions à genoux devant eux. Mais nous ne le ferons pas, nous n'allons pas mendier nos terres, nous allons les récupérer." Ces positions radicales, et ses attaques perpétuelles contre Jacob Zuma, lui ont valu d’être radié de l’ANC en avril 2012.

Même s’il participe aux prochaines élections générales, une épée de Damoclès se trouve toujours au dessus de la tête - et de la carrière - du jeune loup politique : son procès a beau être ajourné, il encourt toujours 15 ans de prison s’il est reconnu coupable de blanchiment, de corruption, de fraude et de racket. Mais "Juju", qui manque rarement de répartie, n’a pas dit son dernier mot. La semaine prochaine, il doit rencontrer les juges pour tenter de faire tomber les charges qui pèsent contre lui. Il va devoir également échafauder une parade avec le fisc, qui lui réclame plus d’un million d’euros d’impôts impayés.