
"Accablement", "exaspération", "extrémisme". Dans une synthèse adressée aux plus hautes autorités de l'État, les préfets de France n'ont pas mâché leur mot pour dresser le constat d'une société en proie à la crispation. Revue de détails.
Jamais les préfets français n'avaient dressé un tel constat. Dans une synthèse secrète de quatre pages datée du 25 octobre - et dont Le Figaro publie des extraits, jeudi 14 novembre - ces hauts fonctionnaires, répartis dans les 101 départements français, ne cachent pas leur inquiètude sur le climat social qui règne dans l'Hexagone. Ils décrivent "une société en proie à la crispation, à l'exaspération et à la colère".
Dans un premier temps, la note, remise aux plus hautes instances du pays, pointe du doigt le caractère "fédérateur de la contestation de l'action gouvernementale" sur le plan fiscal, qui touche autant les particuliers que les entreprises.
"Climat de pessimissme"
Sur le front de l'emploi, ils décrivent aussi un "climat douloureux" et même "un sentiment d'accablement" face aux "annonces successives de liquidations judiciaires et de plans sociaux (qui) marquent chaque jour de nouveaux esprits". Un constat qui émane des préfets du Calvados, de la Lozère ou de l'Orne.
Les hauts fonctionnaires relèvent également que "les revendications sont portées en dehors du cadre syndical, à travers des actions plus radicales : grèves de la faim, blocages de longue durée, dégradations et menaces de perturbation de grandes manifestations culturelles ou sportives ont pris le pas sur les défilés en ville." Et d'ajouter : "La situation sociale laisse peu de place à l'optimisme", puis "ce climat de pessimisme et de défiance alimente le discours des extrêmes sur l'impuissance des pouvoirs publics".
Une fronde qui ne se limite pas à la Bretagne
Dans un second temps, ils s'inquiètent sur cette fronde sociale "qui ne se limitait pas à la Bretagne", comme l'a démontré la journée nationale d'action du 22 octobre contre l'écotaxe. Selon eux, 23 départements sont en fait concernés, de l'Ain à la Somme, où "agriculteurs, entrepreneurs, professionnels du bâtiment, transporteurs, tous sont mobilisés pour faire part de leur inquiétude quant à l'entrée en vigueur, le 1er janvier 2014, de l'écotaxe poids lourds." De là découle une proposition de la part des préfets : démonter les portiques écotaxe avant qu'ils ne soient tous détruits.