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Naufrage du "Prestige" : la justice espagnole blanchit l'équipage et le gouvernement

La justice espagnole a acquitté mercredi les trois accusés du naufrage du "Prestige" pour la marée noire qui a dévasté l'Atlantique en 2002. Le commandant a toutefois été condamné à neuf mois de prison pour désobéissance.

La plus grande catastrophe environnementale de l’histoire de l’Espagne se soldera finalement par un acquittement général. Les trois accusés qui avaient à rendre compte du naufrage du Prestige, qui a provoqué une marée noire dévastatrice dans l’Atlantique le 19 novembre 2002, ont été acquittés par la justice espagnole.

Le capitaine du pétrolier, le Grec Apostolos Mangouras, le chef des machines, Nikolaos Argyropoulos, grec également, et l’ancien directeur de la Marine marchande espagnole, José Luis Lopez-Sors, ont été acquittés pour les délits "d'atteinte à l'environnement et à des espaces naturels protégés", selon le jugement lu mercredi à La Corogne, devant le tribunal supérieur de Galice.
Pour les deux membres d’équipage, le tribunal a estimé qu'ils ignoraient le mauvais état du navire. Concernant le responsable de la Marine marchande, il a jugé que la décision d'éloigner le pétrolier des côtes était justifiée. Le Parquet avait requis entre cinq et 12 ans de prison contre les trois accusés.
Le capitaine condamné pour désobéissance
Apostolos Mangouras, le capitaine, qui a déjà fait de la prison préventive, a néanmoins été condamné à neuf mois de prison pour "désobéissance grave à l'autorité" : ce dernier a refusé, dans un premier temps, de faire remorquer le navire vers le large comme le lui demandaient les autorités espagnoles. Une décision qui reste symbolique, car il échappera à la prison en raison de son âge, 78 ans.
"Face à cette marée noire dévastatrice, la justice espagnole décrit par ce verdict son impuissance. Il y a bien une défaillance prouvée sur le navire, mais il n’y a aucune preuve sur les responsabilités. Personne ne connaît la cause de l’événement donc il n’y a pas de responsabilité pénale", explique Adeline Percept, correspondante de FRANCE 24 en Espagne, qui estime que le verdict fera l’objet de nouveaux procès. " Il y a 200 parties civiles qui réclament justice et prêtes à aller jusqu’au tribunal suprême", poursuit-elle.
Soixante-sept mille tonnes de fuel lâchés en pleine mer
Le premier SOS avait été lancé le 13 novembre 2002, lorsque le "Prestige", un pétrolier libérien à coque simple construit en 1976 et chargé de 77 000 tonnes de fuel, subissait une voie d'eau en pleine tempête, au large de la Galice.
Durant six jours, le navire, battant pavillon des Bahamas, avait dérivé en pleine tempête, la coque déchirée. Les pouvoirs publics avaient pris la décision controversée de l'éloigner des côtes au lieu de le faire rentrer dans un port pour y contenir la fuite.
Le pétrolier s'était finalement brisé en deux et avait coulé à 8 heures du matin le 19 novembre 2002, à 250 kilomètres des côtes par près de 4 000 mètres de fond, crachant 67 000 tonnes d'un fuel épais et visqueux qui avait pollué plus de 1 700 kilomètres de littoral, en Espagne, mais aussi au Portugal et en France.
Avec dépêches