Alors que l'aide arrive au compte-goutte aux Philippines, cinq jours après le passage du typhon Haiyan, des survivants de Leyte, en quête de nourriture, ont pillé un entrepôt de riz dont le mur s'est effondré, provoquant la mort de huit personnes.
Cinq jours après le passage du typhon Haiyan, l'un des plus puissants à avoir jamais touché terre, accompagné de vents à plus de 300 km/h et de vagues de plus de cinq mètres, les survivants des zones les plus sinistrées manquent d'eau, de vivres et d'électricité.
L’île de Cebu, une des provinces de l'archipel, est dévastée : arbres arrachés, pilones électriques couchés, maisons en ruine. Dans le nord, des dizaines d’enfants munis de pancartes passent leur journée à réclamer de la nourriture.
Selon un bilan provisoire, 58 personnes ont été tuées à Cebu. Un chiffre qui s’explique en partie par le fait que des milliers d’habitants ont été évacués, avant l'arrivée du typhon, dans des centres, où les conditions de survie y sont plus que précaires.
Peu à peu, les secours s’organisent. Des compagnies privées distribuent de l’eau dans certains centres. La mairie de Daan bantay, à Cebu, a collecté des tonnes de riz, mais ces réserves ne permettent pas de tenir plus d’une semaine.
Pillage d’un entrepôt qui vire au drame
Sur l’île de Leyte, alors que l’aide arrive aussi au compte-goutte, le manque de nourriture commence à susciter des animosités. Affamés, certains se sont armés pour piller les bâtiments à la recherche de nourriture. Les autorités ont imposé un couvre-feu et déployé des centaines de soldats à Tacloban, la capitale, l'une des zones les plus touchées par le typhon. Face à l’ampleur du drame, les soldats ne peuvent tout contrôler.
À 17 kilomètres de Tacloban, un entrepôt de riz, pillé par des survivants du typhon, s’est écroulé tuant huit personnes. "Un mur de notre entrepôt s'est effondré et huit personnes ont été écrasées et tuées sur le coup" mardi à Alangalang, sur l'île de Leyte, l'une des plus touchées par la catastrophe, a indiqué mercredi Rex Estoperez, le porte-parole de l'Autorité nationale de l'Alimentation.
Policiers et soldats gardaient le site qui appartient à cette agence du gouvernement, mais ils ont été dépassés par la foule qui a volé 129 000 sacs de riz, dont 96 000 non consommables en l'état, a-t-il ajouté. "Il devait y avoir vraiment beaucoup de gens pour emporter autant de sacs", a-t-il encore noté, précisant qu'un sac pesait 50 kilos.
"Certaines personnes ont vraiment faim, mais d'autres veulent juste saccager pour l'argent", a encore estimé le responsable, précisant que son organisation pensait que ces pillards cherchaient à faire des profits en revendant le riz.
À Tolosa, il n’y a plus de présence gouvernementale
À seulement 50 kilomètres de Tacloban, dans la ville de Tolosa, toujours sur l’île de Leyte, il n’y a plus de policiers, plus d’ambulance, plus de secours, plus de présence gouvernementale. Cyril Payen, envoyé spécial de FRANCE 24 constate la désolation et le dénuement de la population.
"Deux hélicoptères américains ont survolé le ciel de Tolosa et toute une population d’enfants, de femmes ont levé les bras au ciel, en mendiant presque aux Américains. Ils disaient 'nous avons faim, envoyez nous à boire et à manger', témoigne le reporter.
"Il n’y a que des gens hirsutes, hébétés qui tentent de survivre au milieu des décombres. Des hordes de survivants, des véritables déplacés dans leur propre pays se mettent au bord de la rue et essayent de partir, de stopper les voitures qui passent", poursuit-il.
"Il n’y a que des gens hirsutes, hébétés qui tentent de survivre au milieu des décombres. Des hordes de survivants, des véritables déplacés dans leur propre pays se mettent au bord de la rue et essayent de partir, de stopper les voitures qui passent", poursuit-il.
Là aussi, la population manque d’eau et de nourriture. Là aussi, face à la pénurie, l’insécurité règne la nuit. "L’aide est très très urgente", insiste Cyril Payen.