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Israël renonce à un vaste projet de colonies en Cisjordanie

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a renoncé, mardi soir, à un vaste projet de construction de 20 000 nouveaux logements en Cisjordanie occupée, projet qui avait suscité l’indignation des Palestiniens et l’inquiétude de Washington.

Marche arrière pour le gouvernement israélien. Alors que le ministère du Logement avait lancé un appel d'offres pour la création de 20 000 logements dans les colonies juives à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupée, Benjamin Netanyahou, sous pression internationale, a  annulé le projet, mardi 12 novembre.
Le Premier ministre israélien a dit craindre un tollé qui nuirait aux efforts d’Israël pour s’opposer à un accord sur le nucléaire iranien. "Cette action provoque une confrontation non nécessaire avec la communauté internationale au moment où nous nous efforçons de persuader des membres de la même communauté de parvenir à un meilleur accord avec l'Iran", a déclaré Benjamin Netanyahou.
Le Premier ministre a publiquement désavoué le ministre du Logement Uri Ariel, qui appartient au mouvement nationaliste et pro-colons Bayit Yehudi (le Foyer juif), pour avoir publié les adjudications "sans coordination préalable". Dans un communiqué, les services de Benjamin Netanyahou précisent qu’Uri Ariel a reçu instruction de revoir ces projets.
Ce plan record prévoyait 20 000 nouvelles colonies – dont 1 200 logements dans le secteur très controversé d'E1, reliant Jérusalem-Est à la Cisjordanie. Un projet qui aurait coupé en deux la Cisjordanie, compromettant la viabilité d'un État palestinien. Des crédits publics de 45 millions de shekels (près de 10 millions d'euros) ont déjà été débloqués pour assurer les dépenses liées à ces appels d'offres, a précisé le quotidien "Haaretz".
Le processus de paix en jeu
Face à ce projet d’ampleur, le président palestinien Mahmoud Abbas avait menacé de rompre les pourparlers de paix engagés il y a trois mois avec l’État juif sous l’égide de Washington. "Si Israël ne [revient] pas sur ses nouvelles décisions de construction dans les colonies cela [signifiera] l'annonce officielle de la fin du processus de paix", avait-il fait savoir, par la voix du négociateur Saëb Erakat.
La direction palestinienne avait également menacé de saisir le Conseil de sécurité de l'ONU et de relancer ses démarches pour adhérer à des organisations internationales, alors que Mahmoud Abbas s'était engagé en juillet à suspendre toute démarche palestinienne d'adhésion aux organisations internationales pendant le délai de neuf mois imparti aux négociations de paix.
Washington s’indigne
Du côté de Washington, l’annonce du projet de planification a fait l’effet d’une bombe alors qu'Israël et les États-Unis sont déjà à couteaux tirés sur la question nucléaire iranienne . "Nous sommes profondément inquiets (...) nous avons été surpris par cette annonce et cherchons actuellement des explications auprès du gouvernement israélien", a déclaré Jennifer Psaki, porte-parole du département d'État.
Le secrétaire d'État John Kerry a téléphoné mardi soir au président palestinien Mahmoud Abbas, selon une source palestinienne.  Les constructions de colonies dans les territoires conquis par Israël en 1967, dont les Palestiniens réclament la restitution, empoisonnent les pourparlers entre les deux parties.
Les Palestiniens s’étaient retirés au bout de quelques semaines des discussions que les États-Unis avaient tenté de relancer en septembre 2010 quand Israël avait relancé la colonisation, que Washington juge "illégitime".

Avec dépêches