Les États-Unis et Israël ont perdu vendredi leur droit de vote à l'Unesco pour avoir suspendu leur contribution à l'agence onusienne en octobre 2011, lors de l'admission de la Palestine en tant que membre à part entière.
Washington ne pourra plus voter à l'Unesco. L'agence onusienne basée à Paris a expliqué, vendredi 8 novembre, que les états "qui n'avaient pas réglé leur cotisation" ce jour perdaient leur droit de vote dans l'agence des Nations Unies. Selon une source citée par l'AFP, les États-Unis sont concernés par cette mesure automatique, ainsi qu'Israël.
Pour cause, les deux pays ont cessé de payer leurs contributions financières auprès de l'Unesco après l'admission, le 31 octobre 2011, de la Palestine comme 195e membre de l'organisation. Cette adhésion a suscité à l'époque une vague d'espoir dans le monde arabe, qui y a vu un pas de plus vers une reconnaissance de la Palestine en tant qu'État à l'ONU. Mais elle a impliqué également la suspension des financements américains, provoquant une grande crise financière au sein de l'organisation onusienne, qui a dû gérer une amputation de 22% de son budget, passé de 653 à 507 millions de dollars.
Pour tenir ce budget, quelque 300 personnes risquent de perdre leur emploi. L'agence onusienne employait, en 2012, 1 200 personnes au siège installé à Paris et 900 à travers le monde. Malgré ces difficultés, la directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, de nationalité bulgare, qui avait réussi à lever 75 millions de dollars pour faire face à la crise, a été réélue début octobre.
Des relations tumultueuses entre les États-Unis et l'Unesco
Washington avait justifié son retrait en 2011 par la législation américaine en vigueur depuis les années 1990, qui interdit tout financement d'une agence de l'ONU qui admet en son sein des groupes ou des organisations ne possédant pas "tous les attributs internationalement reconnus d'un État".
La perte du vote américain constitue le dernier accroc en date dans les relations mouvementées entre l'agence onusienne et Washington. En 1984, l'administration Reagan avait décidé de quitter l'Unesco, invoquant entre autres une mauvaise gestion et une politisation de l'organisation. En 2003, après près de vingt ans d'absence, l'administration Bush faisait son grand retour à l'Unesco et s'engageait à participer activement aux programmes de l'agence, qui intervient notamment en faveur de l'éducation et de la protection du patrimoine mondial.
Cette procédure automatique survient à l'heure où les États-Unis tentent de sauver les négociations de paix israélo-palestiniennes, qui se déroulent dans un climat tendu
depuis l'annonce de la relance de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est. Le secrétaire d'État américain, John Kerry, a mis en garde Israël jeudi contre le risque d'une nouvelle Intifada palestinienne et d'un isolement international accru en cas d'échec des négociations de paix.
Avec dépêches