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L’Ouganda annonce un accord de paix imminent entre la RD Congo et le M23

Les 1 500 combattants du M23 signalés en Ouganda ne seront pas remis aux autorités congolaises, a indiqué Kampala, chargé d’assurer la médiation entre les deux parties. Un accord de paix devrait être signé lundi 11 novembre.

La signature pourrait intervenir dans les prochains jours. Vendredi 8 novembre, le gouvernement ougandais, médiateur dans la crise qui oppose les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) et la rébellion du M23, a annoncé à l’AFP que les deux parties parapheront un accord de paix lundi 11 novembre.

"L'accord est prêt et nous attendons que tout le monde revienne lundi pour le signer" à Kampala, a déclaré le porte-parole du gouvernement ougandais, Ofwono Opondo. Il a également précisé, sans autre détail, que le texte devrait fixer le sort des membres du M23, notamment ceux placés sur une liste de sanctions par l'ONU et Washington, dont le gros s'est réfugié en Ouganda.

Selon l’armée ougandaise, plusieurs centaines de combattants du M23 se sont livrés, avec leur chef, aux autorités de Kampala. "Quelque 1 500 combattants [du M23] se sont rendus à l'armée ougandaise aujourd'hui [jeudi]", a déclaré à l'AFP le porte-parole de cette dernière, Paddy Ankunda. Selon lui, les rebelles congolais qui ont remis leurs armes aux forces ougandaises "sont cantonnés dans la zone de Mgahinga, dans le département de Kisoro", dans le coin sud-ouest de l'Ouganda, frontalier de la RDC et du Rwanda. Aucun d’entre eux ne sera remis à Kinshasa avant la signature d’un accord de paix, a par ailleurs précisé Kampala.

1 500 combattants du M23 en Ouganda : un chiffre "irréaliste"

L'Ouganda a en outre officiellement confirmé détenir Sultani Makenga, chef militaire de la rébellion défaite par l'armée de Kinshasa dans l'est de la RDC, après qu’il eut fait acte de reddition. "Oui, Sultani Makenga est chez nous", a déclaré, toujours à l'AFP, Ofwono Opondo, mais "nous ne pouvons pas dire aux médias où nous l'hébergeons". Jeudi, la rébellion avait démenti la présence de Makenga en territoire ougandais.

Un expert militaire interrogé par l’AFP estime le chiffre exagéré. Parmi ces 1 500 personnes se trouveraient, d’après lui, des membres des familles de rebelles ou des combattants du M23 se trouvant déjà précédemment en Ouganda. En RDC, Julien Paluku, gouverneur du Nord-Kivu, la province d'origine du M23, a jugé lui aussi irréaliste le chiffre des redditions annoncées par l'Ouganda.

Entre les mains du président ougandais

Défait lundi dernier par l'armée congolaise, le M23, qui combattait les troupes de Kinshasa dans la province orientale minière du Nord-Kivu depuis avril 2012, a annoncé mardi "mettre un terme" à sa rébellion.

Dans une lettre au président ougandais, Yoseri Museweni, le président du mouvement rebelle, Bertrand Bisimwa, a indiqué que les insurgés qui s'étaient rendus à l'armée ougandaise n'avaient pas confiance dans le processus de "démobilisation et réinsertion" sociale envisagé pour eux en RDC et qu'ils remettaient leur sort entre les mains du chef de l’État ougandais, dont le pays joue un rôle de médiation dans les négociations entre Kinshasa et le M23.

Le M23 était formé d'anciens rebelles congolais, essentiellement tutsi, du Conseil national pour la défense du peuple (CNDP), intégrés à l'armée de RDC après un accord signé le 23 mars 2009. Ils s'étaient mutinés il y a 18 mois, accusant Kinshasa de n'avoir pas respecté les termes de cet accord.

Graves violations des droits de l'Homme

Sultani Makenga, 39 ans, figure sur une liste des sanctions de l'ONU, qui l'accuse d'être responsable de violations graves des droits de l'Homme et d'atrocités liées au M23 dans l'est de la RDC : meurtres, viols, enlèvements, recrutement d'enfants, enrôlements forcés... Tutsi originaire du Nord-Kivu, le chef militaire du M23 a été de tous les conflits qui ont déchiré la région depuis une vingtaine d'années. Comme de nombreux Tutsis, il a fait ses armes au début des années 1990 au sein de la rébellion rwandaise du Front patriotique rwandais (FPR), formée en Ouganda, qui a conquis, avec Paul Kagame à sa tête, le pouvoir à Kigali en 1994.

À l'apogée de sa force, le M23 avait conquis en novembre 2012 Goma, la capitale du Nord-Kivu, avant de s'en retirer contre l'ouverture de négociations sous l'égide de l'Ouganda. Entamées en décembre à Kampala, celles-ci sont toujours en cours.

L'Ouganda, et surtout le Rwanda, tous deux frontaliers du Nord-Kivu, ont été largement accusés par l'ONU et d'autres sources de soutenir militairement le M23, ce que les deux pays ont toujours démenti. Des analystes attribuent pour partie l'effondrement du M23 à l'arrêt du soutien rwandais, sous pression notamment des États-Unis.

Avec dépêches