Plusieurs milliers d'Iraniens ont célébré, lundi à Téhéran, à l'appel du camp conservateur, le 34e anniversaire de l'assaut contre l'ambassade des États-Unis, et ce malgré l'amorce d'un rapprochement entre les deux pays.
"Mort à l'Amérique !" Ce slogan a été repris en cœur par plusieurs milliers d'Iraniens, lundi 4 novembre à Téhéran, à l’occasion du 34e anniversaire de l'assaut contre l'ambassade des États-Unis et la prise d’otage de 52 diplomates en Iran, en 1979. Des effigies du président américain Barack Obama et des drapeaux américains et israéliens ont également été brûlés. D'autres manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes de la République islamique, selon des images diffusées par la télévision d'État.
Ces évènements sont orchestrés par des groupes conservateurs, qui ont appelé à des manifestations encore plus importantes que les années précédentes, en signe de défiance à l'égard de Washington. Et ce, au moment même où les deux pays ennemis semblent amorcer une détente depuis l’élection du président modéré Hassan Rohani, notamment au sujet du dossier nucléaire controversé de Téhéran.
Des ministres de Rohani présents à la manifestation
Toujours est-il que l’objectif fixé par les groupes conservateurs semble avoir été atteint, puisqu’un journaliste de l’AFP, présent sur place, a confirmé que la mobilisation était plus importante que les années précédentes. En outre, plusieurs personnalités conservatrices, dont le chef des Bassidj (miliciens islamistes) Mohammad Reza Naghdi ainsi qu'un des vice-présidents et plusieurs ministres du gouvernement de Hassan Rohani participaient à la commémoration à Téhéran, selon les médias.
En septembre, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, le président iranien et son homologue américain se sont entretenus par téléphone, un contact sans précédent à ce niveau entre les deux pays depuis la rupture de leurs relations diplomatiques en 1979. Outre cet échange téléphonique, les chefs de la diplomatie des deux pays s'étaient également rencontrés à New York. Cependant, cette politique a été critiquée par le camp conservateur iranien mais aussi par le Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, qui a considéré que certaines des actions du président de la République islamique à New York n'étaient "pas appropriées".
Khamenei souffle le chaud et le froid
Samedi, le quotidien conservateur Kayhan avait mis en garde contre le risque qu'il y a à faire confiance aux États-Unis et a fait état de signes indiquant que "les Américains entendent tromper la République islamique" lors du prochain cycle de négociations sur le nucléaire prévu en fin de semaine à Genève.
Mais l'ayatollah Ali Khamenei, plus haute autorité du pays, a apporté
dimanche son soutien appuyé aux négociations sur le programme nucléaire et prévenu les partisans d'une ligne dure de ne pas accuser à tort le président Hassan Rohani, qui n’était pourtant pas son candidat favori pour la présidentielle de juin, de se compromettre avec les Américains.
"Personne ne devrait considérer nos négociateurs comme des gens qui se compromettent", a déclaré le guide suprême de la Révolution islamique, selon son site officiel Khamenei.ir. "Leur mission est difficile et personne ne doit affaiblir un officiel qui fait son travail." Il a cependant tempéré toute idée de détente entre les deux pays. "Nous ne devons pas faire confiance à un ennemi qui nous sourit. Les Américains nous sourient et disent qu'ils veulent négocier mais dans le même temps, ils disent que toutes les options sont sur la table", a asséné le Guide suprême.
L'Iran et les pays du groupe 5+1 (États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne), qui ont repris à la mi-octobre les négociations nucléaires, doivent se retrouver jeudi et vendredi à Genève. Les Occidentaux soupçonnent Téhéran de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert de programme nucléaire civil, ce que nient les Iraniens.
Avec dépêches