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Municipales au Kosovo : un scrutin test pour normaliser les relations entre Pristina et Belgrade

Des incidents ont émaillé les élections municipales dans le nord du Kosovo, un territoire à majorité serbe. Belgrade - qui ne reconnaît pas l'indépendance du Kosovo - espère que ce scrutin facilitera son adhésion à l'UE.

Ce fut un scrutin sous haute tension. Le Kosovo votait dimanche 3 novembre pour renouveler les assemblées municipales. Un vote marqué par un incident entre Serbes ayant fait un blessé dans un bureau de vote du nord du territoire.

Dans cette partie nord du Kosovo, la population serbe, majoritaire, a voté sans enthousiasme.

Il faut dire que la plupart d’entre eux ne reconnaissent pas l’indépendance du Kosovo, proclamée en 2008 et militent pour son maintien au sein de la Serbie. Ils rejettent, de fait, l’autorité kosovare. Belgrade - qui ne reconnaît pas non plus l'indépendance du Kosovo - avait cependant appelé les Serbes à participer au scrutin en espérant que cela facilite les négociations d'adhesion de Belgrade à l'Union européenne.

Reste que le taux de participation n'a pas dépassé les 13%. Un chiffre qui n’augure rien de bon dans la normalisation des relations entre Belgrade et Pristina.

A Kosovska Mitrovica, aux alentours des bureaux de vote, des groupes de nationalistes serbes hostiles à la participation des Serbes au vote conspuaient et insultaient ceux qui s'y rendaient. Ils portaient des brassards frappés de l'inscription "Boycottage". Selon des témoins, plusieurs extrémistes encagoulés ont même pénétré dans un bureau de vote en fin d'après-midi, ont agressé le personnel et des électeurs et ont détruit les urnes avant de s'enfuir.

Le boycott "met en danger la survie des Serbes du Kosovo"

La reconnaissance internationale du Kosovo

En juillet 2013, le Kosovo avait été formellement reconnu par 99 États, représentant l’essentiel des grandes démocraties (dont 22 des 27 États membres de l’Union européenne et tous les membres du G7).

Le Kosovo est membre du FMI, de la Banque mondiale, de la BERD et de la Banque de développement du Conseil de l’Europe, mais il ne fait pas partie de l'Organisation des Nations unies (ONU). Pour le devenir, l'entité doit obtenir le soutien de 9 membres du Conseil de sécurité sur les 15, en comprenant l'avis favorable des 5 membres permanents, puis obtenir à l'Assemblée générale un avis positif à la majorité des deux tiers (des 193 membres).

Depuis Belgrade, le Premier ministre serbe Ivica Dacic a dénoncé les actes d'"extrémistes de droite qui poussent les Serbes vers une catastrophe". "Les menaces et les appels au boycottage mettent en danger la survie des Serbes au Kosovo", a-t-il insisté. La Serbie, qui espère ouvrir prochainement ses négociations d'adhésion à l'UE, espérait que le scrutin se déroule sans incident, pour faciliter la poursuite de son rapprochement avec Bruxelles.

Autre problème : les appels au boycott pourraient ironiquement se retourner contre les Serbes eux-mêmes. En n’allant pas voter, ils prennent le risque de voir des représentants albanais prendre la tête de municipalité à majorité serbe. Les partis kosovars ont présenté des listes dans toutes les circonscriptions du nord du Kosovo.

Selon un sondage réalisé en octobre par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), dans le nord du Kosovo, 15,8% des Serbes ont assuré qu'ils se rendraient aux urnes. En revanche, 43,5% des Serbes interviewés étaient fermement décidés à boycotter le scrutin. Le Pnud a néanmoins qualifié d'"encourageant" le pourcentage de Serbes souhaitant voter lors de ce premier scrutin organisé par Pristina dans le Nord.

Au total, quelque 1,7 million d'électeurs sont appelés à choisir entre 102 partis et associations qui briguent le contrôle de 36 municipalités au Kosovo. Les premiers résultats partiels seront connus mercredi prochain.

Avec dépêches