L'ex-consultant du renseignement américain Edward Snowden, réfugié en Russie, pourrait être auditionné depuis la Russie par des procureurs allemands et entendu comme "témoin" dans l'affaire des écoutes de la chancelière Angela Merkel.
Dans l'affaire des écoutes de la chancelière allemande Angela Merkel, Edward Snowden pourrait être auditionné en Russie, pays où il est réfugié. Mais l'ex-consultant du renseignement américain préférerait témoigner devant le Congrès aux États-Unis, ont annoncé vendredi 1er novembre son avocat et un député allemand.
Recherché par Washington après ses révélations sur l'Agence de sécurité nationale
Les États-Unis ont encore concédé vendredi avoir commis des excès en matière d'espionnage, au lendemain d'un aveu très clair du secrétaire d'État John Kerry, en pleine polémique avec l'Europe et l'Asie sur la collecte massive de données par Washington.
Après dix jours de bronca internationale, le département d'État a admis du bout des lèvres certains abus dans les programmes d'interception de communications et de collecte d'informations menés dans le monde entier par la toute puissante Agence nationale de sécurité (NSA).(avec AFP)
(NSA) américaine pour laquelle il a travaillé, Edward Snowden ne pourra pas se rendre en Allemagne sous peine de perdre son statut de réfugié, mais il peut témoigner sans quitter la Russie, a expliqué son avocat russe, Anatoli Koutcherena.
Berlin "prêt à écouter Snowden"
"Dans le cadre des accords internationaux, Snowden peut témoigner en Russie, mais c'est aux autorités allemandes de décider. Snowden n'ira pas en Allemagne. C'est impossible parce qu'il n'a pas le droit de franchir la frontière russe. S'il le fait, il peut perdre son statut de réfugié", a déclaré son avocat à la radio Echo de Moscou.
Ses révélations ont provoqué de vives réactions en Europe, en particulier en Allemagne, où les informations sur l'espionnage présumé d'un téléphone portable de la chancelière Angela Merkel ont provoqué un choc.
Au lendemain de sa rencontre avec le fugitif américain en Russie, dans un lieu tenu secret, le député allemand Hans-Christian Ströbele a déclaré à Berlin que le lanceur d’alerte préférerait témoigner devant le Congrès américain. Mais l'Américain s'est également dit prêt à témoigner devant le Parlement allemand, selon Ströbele. Berlin s’est dit "prêt à écouter" Snowden, a indiqué pour sa part le ministre allemand de l'Intérieur, Hans-Peter Friedrich.
"Le gouvernement américain cessera son comportement nocif"
Le bureau de Ströbele a diffusé vendredi une photo de sa rencontre avec Snowden et a ajouté que l'Américain lui avait transmis une lettre adressée au gouvernement allemand, au Bundestag (chambre basse du Parlement allemand) et au parquet. "Je suis sûr qu'avec le soutien de la communauté internationale, le gouvernement américain cessera son comportement nocif (à mon égard)", a-t-il écrit dans cette lettre. "J'attends avec impatience de parler avec vous dans votre pays quand la situation sera réglée, a-t-il ajouté.
Interviewé par la première chaîne de télévision allemande ARD, le député Ströbele a déclaré que l'Américain avait "montré qu'il savait beaucoup de choses [...]. Il est prêt en principe à aider à éclaircir" les affaires, a-t-il ajouté.
"La rencontre s'est bien passée", a observé l'avocat russe en précisant que le député allemand avait notamment demandé à Snowden s'il pouvait "être témoin" dans l'affaire d'espionnage présumé d'un téléphone portable d'Angela Merkel."C'est à Poutine de décider"
Snowden "est prêt à coopérer avec tout le monde, vous voyez, il n'y a aucune interdiction. C'est lui-même qui décide avec qui communiquer et quand", a ajouté l'avocat, cité par l'agence Interfax.
"C'est à Poutine de décider"
Le Kremlin s'est refusé vendredi à tout commentaire, bien que le président Poutine eut posé dans le passé comme condition que Edward Snowden cesse ses révélations susceptibles de "nuire aux États-Unis" s'il restait en Russie. "Ce n'est pas une question relevant du Kremlin", a déclaré le porte-parole du président, Dmitri Peskov.
Interrogé par l'AFP, l'analyste indépendant Pavel Felgenhauer a pour sa part estimé que le fugitif américain était sous contrôle des services spéciaux russes et que sa marge de manœuvre était limitée par le Kremlin. "C'est à Poutine de décider ce que Snowden a le droit de dire. Il a posé à Snowden comme condition de ne pas nuire à l'Amérique, mais il n'y a que Poutine qui sache quels sont les paramètres", souligne-t-il.
Selon son avocat, Edward Snowden s'est adapté à la vie en Russie, il va au musée et au théâtre, et a trouvé du travail en Russie : il doit s'occuper à partir de vendredi d'un site Internet reconnu, dont le nom n'a pas été révélé.
Dans un entretien au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung à paraître samedi, M. Snowden a déclaré ne pas regretter avoir fait ses révélations, tout en concédant que ce qui lui coûtait le plus dans sa situation actuelle était "de ne pas avoir de contacts réguliers avec sa famille et ses proches".
Avec dépêches