Selon le bilan publié vendredi par les autorités irakiennes, 964 personnes sont mortes en Irak dans les violences en octobre et 1 600 autres ont été blessées. Soit le bilan le plus élevé depuis avril 2008.
L’Irak ou le deuil permanent. En proie aux violences confessionnelles, l'Irak a connu en octobre son mois le plus meurtrier en cinq ans et demi. Selon des chiffres publiés vendredi 1er novembre par les ministères de la Santé, de l'Intérieur et de la Défense, 964 personnes sont mortes dans les violences en octobre, dont 855 civils, 65 policiers et 44 soldats, et 1 600 blessés ont été recensés. De son côté, l'ONU donne un bilan plus élevé avec 979 morts et 1 902 blessés.
Le nombre total de morts en octobre est le plus élevé depuis avril 2008, quand 1 073 personnes avaient été tuées. Le pays sortait alors tout juste d'un conflit confessionnel entre sunnites et chiites ayant fait plusieurs milliers de morts. Plus de 5 400 personnes ont péri depuis le début de l'année et près d'un demi-million de civils irakiens ont été tués entre l'invasion américaine de leur pays en 2003 et 2011, d’après les conclusions d’une étude récemment publiée aux États-Unis. Celle-ci prend en compte aussi bien les morts résultant directement du conflit que des conséquences qu'il a engendrées.
Deux ans environ après le retrait des troupes américaines, le niveau des violences quasi-quotidiennes fait craindre un nouveau cycle similaire alors que la Syrie voisine est en proie à une guerre sanglante. D’autant plus qu’une bonne partie des violences a été imputée à l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), un groupe affilié à Al-Qaïda, également impliqué dans la guerre qui ravage la Syrie.
Le mécontentement croissant de la minorité sunnite qui se plaint d'être marginalisée politiquement par les chiites, majoritaires et désormais au pouvoir, et d'être la cible d'arrestations injustes, a favorisé cette flambée de violences. Vendredi, de nouvelles violences ont tué quatre personnes dans le nord de l'Irak, et ce, alors que la veille au moins 26 personnes avaient été tués dans une série d'attentats, dont l'explosion de cinq voitures piégées au nord de la capitale.
Al-Maliki en appelle à Washington
La publication du bilan du mois d’octobre intervient au moment où les violences sont au centre des entretiens aux États-Unis du Premier ministre Nouri al-Maliki qui est reçu vendredi par le président Barack Obama. Le Premier ministre chiite, qui va demander une aide militaire américaine, a plaidé jeudi à Washington pour que la communauté internationale mène une "troisième guerre mondiale" contre Al-Qaïda en pleine résurgence dans son pays, lors d'une intervention au centre de réflexion Institute of Peace, qualifiant Al-Qaïda et ses filiales de "virus" faisant souffler un "vent mauvais" dans toute la région.
Le principe d'une aide accrue à l'Irak en matière de sécurité est soutenu par d'influents sénateurs républicains et démocrates. Mais mercredi ces derniers ont critiqué Nouri al-Maliki, lui attribuant une part de responsabilité dans la reprise des violences par sa "politique sectaire et autoritaire".“Malheureusement, la mauvaise gestion de la politique irakienne par le Premier ministre Maliki contribue à la récente résurgence de la violence, ont affirmé les sénateurs parmi lesquels figurent le républicain John McCain et le démocrate Carl Levin, rapporte CNN. En appliquant un programme politique sectaire et autoritaire, le Premier ministre Maliki et ses alliés privent de droits civils les sunnites, marginalisent les Kurdes et aliènent les nombreux chiites qui ont une vision démocratique et pluraliste de leur pays."
Ces "poids lourds" du Sénat ont aussi exigé de la Maison Blanche qu'elle fasse comprendre au pouvoir irakien que "l'influence pernicieuse de l'Iran au sein du gouvernement constitue un problème sérieux dans [leur] relation bilatérale".
Avec dépêches