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Soupçonnés d'avoir consenti des prêts à la mafia japonaise, la banque Mizuho ainsi que deux autres grands établissements bancaires feront l'objet d'une enquête de l'Agence nationale des services financiers dans les jours prochains.

L’affaire n’en finit plus de faire couler de l’encre dans la presse japonaise. L'Agence nationale des services financiers (FSA), le gendarme financier du Japon, a annoncé mardi 29 octobre qu’elle allait ouvrir une enquête la semaine prochaine sur les comptes de trois banques du pays suite au scandale qui a mis en avant, il y a un mois, l’existence de prêts consentis à la mafia japonaise par la banque Mizuho. Les établissements bancaires Mitsubishi UFJ et Sumitomo Mitsui Banking Corp sont également soupçonnés d'avoir fait affaire avec des membres de la mafia.

Mizuho, la banque incriminée, aurait ainsi accepté depuis plusieurs années des centaines de prêts d'une valeur d'environ 2 millions de dollars (1,5 millions d'euros) pour des yakuzas, impliqués dans des activités de prostitution, de drogue et d’'extorsion de fonds.

Devant le scandale, le groupe a annoncé lundi la démission de Takashi Tsukamoto, président de sa division bancaire. Son président Yasuhiro Sato a quant à lui été privé de salaire pendant six mois. La banque a également annoncé la création d'une commission indépendante composée de juristes et chargée de faire toute la lumière sur l'affaire.

"Des dirigeants qui étaient au courant"

L’agence de presse Jiji Press a, par ailleurs, indiqué que l’enquête porterait notamment sur les systèmes de gestion des risques de banques. De son côté le ministre japonais des Finances, Taro Aso, a réclamé de la FSA qu’elle garantisse un meilleur contrôle des délits d’entreprise.

L'organisme de contrôle reproche à Mizuho de ne pas avoir suspendu des prêts accordés à la mafia deux ans après avoir découvert leur existence. "Beaucoup de dirigeants et membres du conseil d'administration étaient au courant, ou étaient en mesure d'être au courant du problème", peut-on lire dans un rapport de 100 pages rédigé par un comité de la FSA.

Ce n’est pas la première fois qu’une banque est prise en faute. En 2007, Mitsubishi UFJ, la plus grande banque du pays, avait déjà été épinglée pour avoir fauté avec le crime organisé. Les autorités nipponnes luttent depuis de nombreuses années pour que la mafia ne s’infiltre pas dans le secteur des entreprises, comme le négoce ou l’immobilier, entre autres secteurs prisés par le grand banditisme.

Ces gangs ne sont pas illégaux en tant que tels et leurs activités ont longtemps été tolérées par les autorités, mais l’arsenal législatif antimafia s’est renforcé et les syndicats du crime sont davantage inquiétés par la police ces dernières années.