Les autorités irlandaises ont restitué mercredi les deux enfants blonds qui avaient été retirés à leurs familles roms, après avoir passé des tests ADN concluants. Des associations craignent une stigmatisation de la communauté.
La psychose semble peu à peu gagner le nord de l’Europe. Après l’affaire de "l’Ange blond d'Athènes" qui a agité la Grèce depuis la découverte mercredi 16 octobre d’une fillette blonde dans un camp rom situé au centre du pays, les autorités irlandaises ont nourri des soupçons sur l’identité de deux enfants de familles roms.
Une fillette de sept ans et un garçonnet de deux ans jugés trop blonds pour être des enfants de familles roms, ont ainsi été retirés de leurs familles avant d’être restitués aux parents dans la journée, une fois les tests ADN pratiqués. "Les deux enfants ont été rendus à leur famille respective à la suite de la confirmation de leur identité biologique", a annoncé la police dans un communiqué publié mercredi soir.
"Chasse aux sorcières"
Une explication que les parents de la fillette n’ont pas jugée suffisante. "Ils ne pensent pas que cela se serait produit dans le cas où un enfant paraîtrait simplement différent physiquement de ses frères et sœurs. Cela s'est passé car ils sont membres de la communauté rom", s'est indigné l’avocat de la famille.
Les associations de défense des droits des roms n’ont pas non plus manqué de réagir. La responsable de l'association des gens du voyage Pavee Point, Siobhan Curran, a pour sa part mis en garde contre toute "chasse aux sorcières" envers les Roms.
La police irlandaise "devra justifier la raison pour laquelle une intervention a été décidée (et en quoi il y avait) une menace sérieuse et immédiate à la sécurité ou au bien-être de l'enfant", a quant à lui estimé le rapporteur spécial chargé de la protection de l'enfance de Dublin, Geoffrey Shannon.
"Montré du doigt"
Pour Denise Charlton à la tête du Immigrant Council, une ONG irlandaise de défense des droits des migrants, "le gouvernement doit immédiatement détailler les procédures en place dans les services publics pour éviter les enquêtes au faciès". Et d'ajouter, "le placement de deux enfants de la communauté rom intervient une semaine après l'annonce du gouvernement que les personnes venant de l'étranger représenteraient 50% des contrôles d'aides sociales, dans le cadre d'une nouvelle vague de répression des fraudes".
Devant le vent d’indignation suscité par l’affaire, le ministre irlandais de la Justice, Alan Shatter, est à son tour monté au créneau et mis en garde contre le risque d'une stigmatisation de la communauté rom. "Il est important qu'aucun groupe ou minorité ne soit montré du doigt [...] dans les cas de protection de l'enfance", a-t-il déclaré mercredi soir, se disant "particulièrement conscient du désarroi regrettable" causé aux familles de ces deux enfants.
Le ministre a, par ailleurs, ordonné une enquête pour déterminer les "circonstances qui ont conduit" au retrait momentané des deux enfants de leurs familles.