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L’entreprise française publique EDF et le gouvernement britannique ont signé un accord lundi en vue de la construction de deux réacteurs EPR dans le Somerset, au sud-ouest de l'Angleterre. Un projet d’un coût total de près de 19 milliards d’euros.

Après de longs mois de négociations serrées, le groupe français public EDF et Londres sont parvenus à un accord final lundi 21 octobre pour la construction de deux réacteurs nucléaires de type EPR en Angleterre, sur le site d’Hinkley Point, dans le sud-ouest du pays. Le projet est estimé à près de 19 milliards d’euros.

Le consortium en charge du projet est détenu à environ 45% par EDF, environ 35% par deux groupes nucléaires chinois CGNPC et CNNC, et 10% par Areva, en charge de fournir les deux réacteurs EPR. La mise en service de la centrale nucléaire est prévue en 2023.

L'Elysée a salué un "investissement historique" à l'issue d'une conversation téléphonique entre le président François Hollande et le Premier ministre britannique David Cameron. "Cet investissement historique, qui illustre la vitalité de la coopération bilatérale franco-britannique, développera l'emploi dans les deux pays", a poursuivi le président dans un communiqué, soulignant qu'il "renforcera nos industries et les compétences d'ingénierie, de fabrication et de construction de la filière française".

Le coût de l'électricité nucléaire en hausse

Les discussions entre EDF et le gouvernement britannique duraient depuis de longs mois et achoppaient jusqu'à présent sur la question du prix garanti de vente de l'électricité nucléaire que produiront les EPR. De source proche du dossier, les deux parties se sont finalement accordées sur un prix de 92,5 livres (109 euros) par mégawattheure pour les 35 à 40 prochaines années. Le prix, presque deux fois plus élevé que le prix de gros sur le marché de l'électricité au Royaume-Uni, était une condition sine qua non pour que l'électricien français accepte de réaliser cet important investissement.

Ce montant astronomique confirme au passage la forte hausse du coût de l'électricité nucléaire, les centrales actuelles d'EDF en France produisant du courant à un coût estimé à 40 euros/mégawattheure. Pourtant "109 euros pour les 35 prochaines années, c’est un prix correct, sachant que le tarif de l’électricité en Europe devrait doubler dans ce laps de temps", estime de son côté Allessio Beverina, responsable du pôle clean tech chez Sofinnova Partners, interrogé par "Challenges".

L'accident de Fukushima n'entrave pas les intentions nucléaires britanniques

Ce contrat permet aussi à Areva de cocher les deux premières cases de son objectif de 10 EPR vendus d'ici 2016, dans une industrie nucléaire dont les perspectives ont été compliquées par la catastrophe de Fukushima, au Japon.

L'accident nippon n'a pas modifié les intentions britanniques de continuer le nucléaire civil : les réacteurs d'Hinkley Point seront les premiers construits au Royaume-Uni depuis celui de Sizewell B, inauguré en 1995, et Londres espère concrétiser d'autres projets, sur le site historique de Sellafield notamment.

Le pays, qui mise aussi sur les énergies renouvelables, doit remettre à niveau dans les prochaines années une importante partie de son parc de production d'électricité, notamment en raison de la fermeture de centrales polluantes au charbon et afin d'anticiper le vieillissement de son parc nucléaire existant (16 réacteurs).

Avec dépêches