
Journée décisive pour les socialistes à Marseille où le second tour de la primaire oppose dimanche Samia Ghali et Patrick Menucci. Le gagnant affrontera l'UMP Jean-Claude Gaudin aux municipales de 2014.
La journée s'annonce décisive pour les socialistes à Marseille, où se décide dimanche 20 octobre qui de Samia Ghali ou de Patrick Mennucci affrontera le sortant Jean-Claude Gaudin (UMP) aux municipales de 2014, après un entre-deux-tours si explosif qu'il paraît compromettre le rassemblement à l'issue de la primaire.
La participation à la primaire socialiste de Marseille était en hausse de 13,5 % à midi par rapport au premier tour, avec plus de 7 518 votants - contre 6 626 il y a une semaine -, s'est félicité dimanche Alain Fontanel, secrétaire national aux Fédérations du PS. Après la forte mobilisation du premier tour (20 734 votants), ce chiffre est "une surprise", a-t-il déclaré lors d'un point presse au siège de la Fédération des Bouches-du-Rhône, placée sous tutelle depuis mars.
À la mi-journée, les électeurs étant particulièrement nombreux à se déplacer dans les fiefs de chacun des candidats, les Ier et VIIe arrondissements (centre-ville) pour Patrick Mennucci, les XVe et XVIe (nord) pour Samia Ghali. Les 55 bureaux de vote devaient être réapprovisionnés en enveloppes et bulletins du fait de cette affluence élevée.
La sénatrice Samia Ghali, 45 ans, élue des quartiers nord à la personnalité forte, part avec une longueur d'avance après être arrivée en tête avec 25,25% des 20 734 votes exprimés au premier tour.
Le député Patrick Mennucci, 58 ans, élu du centre-ville doté d'un physique de géant et d'un accent rocailleux, qui a récolté 20,65% des suffrages, peut lui se prévaloir du soutien de trois des quatre candidats éliminés, seul le conseiller général Christophe Masse (14,29%) n'ayant pas donné de consigne.
Surveillance renforcée après un premier tour chaotique
Les sympathisants socialistes ont commencé à se rendre dans les 55 bureaux de vote, répartis sur 15 lieux dans la ville, et ouverts de 9 heures à 19 heures. Mais la surveillance sera renforcée, affirme la Haute autorité des primaires (HAP), garante de la bonne tenue de ces primaires et qui assure avoir tiré des enseignements d'un premier tour chaotique.
Dimanche dernier, les problèmes de listes d'émargement fausses ou incomplètes et surtout l'affaire "des minibus" - des véhicules loués par la sénatrice pour emmener les électeurs aux bureaux de vote - ont laissé des traces.
Les transports collectifs sont "légaux" pour la HAP, et Samia Ghali a déjà prévenu qu'elle y aurait de nouveau recours, mais le dispositif ne doit pas "remettre en cause le libre choix de vote". Exit, donc, les affichettes de candidats sur les bus, exit également les débats aux abords des lieux de vote, qui doivent rester "neutres", prévient l'autorité. Elle y portera un "attention toute particulière".
Une semaine d'entre-deux-tours tendue
Ces rappels à l'ordre et ce dispositif suffiront-ils à garantir un scrutin serein ? Rien n'est moins sûr, au vu de la semaine écoulée, lors de laquelle les candidats ont échangé coups pour coups et se sont même fait piéger au téléphone par un humoriste samedi.
Car dans cet entre-deux-tours très tendu, les différences de fond entre les deux candidats, qui existent pourtant - lui veut vendre le stade Vélodrome, pas elle ; elle est contre la métropole, lui la soutient -, ont été les grandes absentes, laissant place aux accusations ad hominem.
Après le ralliement de la quasi-totalité des autres candidats à son adversaire, la sénatrice a ainsi rapidement accusé son rival d'être "le candidat de Paris, de Matignon", notamment lors du soutien du président de la communauté urbaine Eugène Caselli (16,57%), après, selon elle, un coup de fil de Jean-Marc Ayrault.
Le député, alors qu'il semblait plutôt vouloir calmer le jeu en début de semaine, a fini par dégainer vendredi, lâchant que Samia Ghali était la "candidate du système" Jean-Noël Guérini, le président du Conseil général tombé en disgrâce suite à ses démêlés judiciaires.
Après pareilles accusations, le rassemblement dimanche soir derrière le candidat désigné, objectif initial de cette primaire pour les socialistes, semble compromis, même si le PS espérait encore samedi réunir les deux candidats à l'issue du scrutin.
Avec dépêches