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La femme d’un Palestinien, détenu en Israël depuis 2006, a réussi à tomber enceinte, alors qu’elle ne l’a pas vu une seule fois depuis près de sept ans. Et ce, après avoir fait exfiltrer par ruse son sperme de la prison israélienne jusqu'à Gaza.

Avant même de naître, le petit Hassan, qui devrait voir le jour en janvier 2014, fait beaucoup parler de lui. Ses parents, deux Palestiniens de la bande de Gaza, mariés en juillet 2006, l’ont conçu alors qu’ils ne sont pas vus une seule fois depuis près de sept ans. Et pour cause, son père Tamer al-Za’Anin est détenu dans une prison israélienne depuis le 3 novembre 2006. Accusé par l’État hébreu d’appartenir au Jihad islamique, un mouvement palestinien qui prône la destruction d’Israël, il a été condamné à 12 ans de prison.

Pour tomber enceinte, alors qu’elle est privée du droit de rendre visite à son mari, Hana al-Za’Anin a eu recours à un stratagème digne d’un film d’espionnage. Un comble au pays du Mossad, le redouté et puissant service secret israélien. En effet, le sperme du détenu Tamer al-Za’Anin a été exfiltré de la prison israélienne de haute sécurité, où il purge sa peine. Selon le quotidien britannique "The Guardian", qui a consacré un article à cette affaire le 13 octobre, le sachet contenant la semence a pu être confié par Tamer à un codétenu, qui l’aurait lui-même remis à un de ses visiteurs.
Le sperme a été transporté jusqu’à la bande de Gaza, où une fois sur place, après six heures de voyage à travers les check-points israéliens et à l’abri du soleil, il a été congelé dans une clinique privée. Quatre mois après, l’insémination artificielle est un succès, Hana al-Za’Anin a la confirmation qu’elle est enceinte de son époux.
"Contrebande de sperme"
S’il sera le premier bébé de Gaza conçu grâce à ce subterfuge, le cas du petit Hassan ne constitue pas une première dans les Territoires palestiniens. Selon le site en ligne "Al-Monitor", spécialisé dans les questions moyen-orientales, cinq autres enfants palestiniens ont vu le jour dans des circonstances identiques en Cisjordanie depuis un an. C’est d’ailleurs après avoir eu vent d’une de ces histoires que Hana al-Za’Anin, qui ne voulait pas attendre douze ans avant de pouvoir procréer, a proposé à son époux et à sa belle-famille cette idée.
"Il y a eu de nombreuses tentatives de transférer du sperme de prisonniers détenus en Israël, mais seuls six d’entre elles ont réussi", explique Raafat Hamdouna, le directeur du Centre palestiniens d’études sur les prisonniers, interrogé par "Al-Monitor". Et d’ajouter : "les prisonniers palestiniens, spécialement ceux qui sont condamnés à de longues peines, mènent une course contre la montre en essayant d’avoir des enfants, pendant qu’ils sont en détention".
Un porte-parole du système carcéral israélien, interrogé par "The Guardian", a toutefois déclaré qu’il n’y avait aucune preuve que la "contrebande de sperme" ait pu avoir lieu. "Nous doutons que cela puisse être possible, vu les mesures de sécurité et le contrôle, auxquels doivent faire face les visiteurs des prisonniers palestiniens, a-t-il déclaré. Nous doutons qu’une femme ait pu tomber enceinte de cette manière". Toujours est-il que la mère du petit Hassan est impatiente de lui donner la vie, et de lui raconter son histoire si particulière, en attendant la libération de son père.