logo

À Marseille, la sénatrice Samia Ghali et Patrick Menucci se sont qualifiés dimanche pour le second tour de la primaire socialiste en vue des élections municipales de 2014. La ministre Marie-Arlette Carlotti, arrivée troisième, a reconnu sa défaite.

Elle était l’outsider du scrutin. La sénatrice des quartiers Nord de Marseille, Samia Ghali, a créé la surprise dimanche en arrivant en tête du premier tour de la primaire socialiste en vue des municipales de 2014. Elle est arrivée devant le député Patrick Mennucci. Tous deux sont qualifiés pour le second tour, la ministre Marie-Arlette Carlotti, favorite du scrutin, étant éliminée. Dans cette consultation, l'une des cinq organisées en France par le PS, six candidats s'affrontaient pour gagner l'investiture et tenter de ravir la mairie en mars 2014 à Jean-Claude Gaudin (UMP), probable candidat à sa succession. 

Mme Carlotti a "toute sa place au sein du gouvernement", affirme Matignon

La ministre déléguée aux Handicapés, Marie-Arlette Carlotti, a "toute sa place au sein du gouvernement", en dépit de son élimination au premier tour de la primaire PS à Marseille, a assuré Matignon lundi. La sénatrice PS des quartiers Nord, Samia Ghali, vainqueur du premier tour, s'était interrogée dimanche sur une éventuelle démission du gouvernement de Marie-Arlette Carlotti.

"Le Premier ministre verra Marie-Arlette Carlotti cette semaine, comme prévu", a précisé un conseiller de Jean-Marc Ayrault. Selon des sources proches du PS, Jean-Marc Ayrault a appelé la ministre dimanche, visiblement très mécontent de sa réaction à l'issue du scrutin. Elle avait vivement dénoncé "un fonctionnement à plein régime du clientélisme", à propos de sa rivale socialiste, évoquant une "organisation paramilitaire".

"Merci d'y avoir cru", a lancé Samia Ghali, élue des quartiers Nord, à ses soutiens dans une ambiance survoltée. "Je veux être la maire de Marseille qui fera que le nord et le sud se réunissent, je veux tuer le désespoir de cette ville", a-t-elle lancé, peu avant la confirmation officielle de sa victoire par la Haute autorité des primaires (HAP) avec 25,25 % des voix (5 151), tandis que Patrick Mennucci en réunissait 20,65 % (4 212).

Une forte mobilisation

Au total, 20 734 personnes ont voté, une "forte mobilisation" jugée très satisfaisante par les responsables socialistes. L'heure de fermeture des 55 bureaux, répartis en 15 lieux, a même dû être repoussée à 20h00. Secrétaire national aux fédérations, Alain Fontanel a salué "une dynamique comparable" aux primaires pour la présidentielle. "Dans le contexte actuel c'est une très bonne surprise," a-t-il souligné, souhaitant "un rassemblement de tous les candidats au second tour". 

Le maire du premier secteur (centre-ville) s'est rendu, aussitôt les résultats connus, à la fédération, où il a été accueilli par les vivats de ses partisans, avant d'être rejoint par sa rivale qui l'a embrassé, avant de s'éclipser. Il a appelé au "rassemblement le plus large", remerciant "chaleureusement" Marie-Arlette Carlotti, grande perdante avec sa troisième place (19,52 % des suffrages), laquelle lui a immédiatement apporté son soutien, tout comme le député Henri Jibrayel, dernier de la course. Le président de la communauté urbaine Eugène Caselli et le conseiller général Christophe Masse n'ont pas encore fait connaître leur position.

Patrick Mennucci a promis une campagne d'entre-deux tours "sobre, sérieuse", ponctuée par deux débats : "Il faut que les Marseillais transforment l'essai et se donnent un candidat capable de battre Jean-Claude Gaudin." "Une victoire qui me serait accordée dimanche prochain tournerait nettement la page du clientélisme et des pratiques mises en place par Jean-Noël Guérini", l'ancien homme fort du PS, a ajouté le député, dans une allusion à peine voilée aux méthodes de Samia Ghali, également cibles un peu plus tôt des critiques de Marie-Arlette Carlotti.

Carlotti dénonce une organisation "paramilitaire"

La ministre a vivement dénoncé "un fonctionnement à plein régime du clientélisme". "Personne n'avait vu jusqu'à présent ce système fonctionner avec une telle puissance, un tel sentiment d'impunité, à la vue de tous, avec des dizaines de minibus qui sillonnent la ville, des échanges d'argent, toute une organisation que j'ai envie de qualifier de ‘paramilitaire’", a-t-elle asséné. Une assesseur-assistante de Marie-Arlette Carlotti, Anne-Sophie Dedieu, a raconté avoir vu dans le bureau du 15e arrondissement où elle officiait "un électeur à qui on donnait une pièce d'un euro (la contribution demandée à tout électeur, NDLR) en lui désignant le bulletin Samia Ghali. C'était la même chose dehors".

L'organisation, placée sous l'égide de la HAP, s'est voulue exemplaire, mais l'ambiance fut électrique tout au long de la journée entre les candidats, dans une fédération minée par les affaires et les rivalités et placée sous tutelle en mars. Dès la mi-journée, certains avaient dénoncé l'organisation de covoiturages ou de transports collectifs, notamment par Mme Ghali. "Oui, il a fallu s'organiser pour aller voter car les transports dans certains quartiers sont inaccessibles", s'est défendue l'intéressée. "C'est moralement condamnable, mais pas juridiquement, sauf à prouver qu'il s'agit d'un achat de voix", a souligné René Stefanini, secrétaire général de la HAP. De source proche de l'organisation, on rappelait que cette pratique "n'enfreignait pas le code électoral".

D'autres candidats ont signalé des problèmes dans les listes d'émargement. Ainsi, un bureau du 15e arrondissement a connu "des discordances de dates de naissance", empêchant des habitants de voter, et dans le 13e, au moins 700 électeurs ont été oubliés. L'autorité cependant n'a pas été saisie de recours.

Avec dépêches