Alors que la préparation du Mondial-2014 est entrée dans sa dernière ligne droite, le Brésil est toujours en proie à une contestation sociale. De violents affrontements ont eu lieu lundi lors d’une manifestation de soutien aux enseignants.
Quatre mois après le mouvement de protestation contre la vie chère et contre les dépenses liées à l'organisation de la Coupe du monde de football 2014 et des Jeux olympiques 2016, la situation sociale demeure explosive au Brésil. De violents incidents ont en effet eu lieu lundi 7 octobre à Rio de Janeiro en marge d’une manifestation pour soutenir les enseignants en grève.
Alors que 10 000 personnes s’étaient réunies pour faire entendre les revendications des professeurs des écoles publiques, qui ont cessé de travaillé depuis deux mois pour dénoncer un plan de carrière voté par la mairie et réclamer une augmentation, plusieurs centaines d’anarchistes s’en sont pris à des banques et des édifices de la ville.
Appelés les "Black Blocs", ces anarchistes aux visages masqués ont notamment allumé un feu de joie et inscrit en lettres rouges sur la façade de la mairie : "plus de livres et moins de bombes", faisant ainsi allusion aux dispersions violentes qui ont eu lieu lors de précédents rassemblements. À Sao Paulo, une autre manifestation de soutien aux enseignants a également dégénéré en attaques de banques et affrontements avec la police. Sept personnes, dont quatre policiers, ont été blessées.
Des policiers accusés de torture
Les tensions entre la population et les forces de l’ordre ont également été exacerbées ces dernières semaines par la mort suspecte d’un maçon d’une favela de Rio. Dix policiers ont été arrêtés la semaine dernière car ils sont soupçonnés d’avoir torturé à mort cet homme, interpellé en juillet dernier, puis d’avoir fait disparaître son corps. Selon l’enquête, 22 autres personnes auraient subies les mêmes sévices par les forces de l’ordre afin d’obtenir des informations sur un trafic de drogue.
Exaspérée par les violences policières et la forte répression exercée pendant les dernières manifestations, une association de familles de victimes a lancé une pétition sur Internet pour demander "la démilitarisation de la police dans le pays". Comme le rapporte le site français d'information Mediapart, cette organisation considère que "les droits fondamentaux au Brésil sont quotidiennement bafoués et ceux qui sont les plus réprimandés par la police militaire sont les pauvres et les Noirs. Les chiffres sont vertigineux et rivalisent avec les pays en conflit armé ou en guerre".
Du retard dans les travaux du Mondial
Ces différents mouvements de protestation interviennent alors que le Brésil doit accueillir dans huit mois la Coupe du monde de Football. Déjà fragilisées par cette fronde sociale, les autorités semblent en plus avoir du mal à finaliser les derniers préparatifs.
Alors que le pays doit finir avant début décembre la construction de six stades - selon les accords passés avec la Fédération internationale de football (Fifa) -, des travaux ont été suspendus. Début octobre, un juge a ainsi ordonné l’arrêt du chantier du stade de Curitiba dans l’État du Parana en raison du manque de sécurité pour les ouvriers.
Un récent reportage de la BBC avait également mis en lumière les terribles conditions de travail qui entourent la construction de l’extension de l’aéroport international de Sao Paulo dans le cadre du Mondial. Selon le média britannique, plus d’une centaine de travailleurs, principalement des Indiens, sont exploités comme "des esclaves ".
Malgré ces scandales, les autorités brésiliennes se veulent rassurantes et affirment que tout sera prêt pour la compétition internationale. Alors que Jérôme Valcke, le secrétaire général de la Fifa est en tournée cette semaine au Brésil, une grande réunion doit avoir lieu jeudi avec le comité d’organisation local.