Le taux de participation à l'élection présidentielle atteint 74,11 %, selon le ministère de l'Intérieur. Plus élevé qu'en 2004, ce chiffre représente une victoire pour le grand favori, le président sortant Abdelaziz Bouteflika.
Les bureaux de vote algériens ont fermé à 21 heures, jeudi soir. Selon les chiffres officiels, 74,11 % des électeurs se sont déplacés pour élire leur prochain président.
Le taux de participation était la seule grande inconnue du scrutin, dont l'issue ne fait aucun doute, pour la plupart des Algériens : le président sortant, Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, devrait être réélu.
Joint par FRANCE 24, le leader du mouvement d’opposition Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), le docteur Saïd Sadi, accuse les autorités d’avoir gonflé artificiellement les chiffres de la participation.
"Les fraudes électorales font partie du paysage politique traditionnel depuis l'Indépendance", affirme-t-il. "Dans le grand Sud, on m’a rapporté que des instructions venant d’Alger ont été données aux préposés des bureaux de vote exigeant qu’ils donnent des taux de participation avoisinant 70 %. Ceux qui ont refusé ont été chassés par la police et remplacés sur le champ."
Le ministère de l’Intérieur a communiqué des chiffres de participation tout au long de la journée. À 10h30, les chiffres officiels donnaient un taux de participation de 9 %, à 17 heures de 49 % et finalement à plus de 74 % dans la soirée.
"On sent comme une volonté de la part des autorités algériennes de donner une impression de progression [des chiffres de participation], pour qu’ils soient mieux acceptés par les opinions algérienne et internationale", commente Adel Gastel, envoyé spécial de FRANCE 24 en Algérie.
Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, la communauté algérienne à l’étranger s’est mobilisée à hauteur de 31 %.
En 2004, lors de la précédente élection présidentielle, le taux de participation avait atteint 58,1%. En 1999, année de l'arrivée à la présidence de Bouteflika, il était de 60 %. Mais en 2007, les élections législatives n'avaient attiré que 35 % des inscrits, signant la plus faible participation à un scrutin de l’histoire de l'Algérie.
"Ce qui intéresse les Algériens, c’est ce qui va se passer après le scrutin, ce qui concerne l’amélioration de leurs conditions de vie", explique Adel Gastel.
Le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, a indiqué que des islamistes armés avaient tenté une opération à Naciria, près de Boumerdès, à 50 km à l'est d'Alger, sans toutefois donner plus de détails.
Selon l’édition en ligne du quotidien algérien El-Watan, une bombe artisanale aurait explosé près d’un bureau de vote à Imaghinen, à une dizaine de kilomètres de Naciria, blessant un policier qui en assurait la sécu ri té.
Depuis Bouira, le ministre a annoncé la fermeture de deux bureaux de vote à Rafour, et dénoncé des "tentatives de perturbation" du scrutin dans trois autres communes de cette wilaya (province) de Kabylie.
"Un groupe de 10 à 15 personnes a essayé d'empêcher l'élection dans deux bureaux de vote, à Rafour. Ils ont cassé les urnes. Nous avons été obligés de fermer ces deux bureaux, où sont inscrits 6 000 électeurs", a précisé Yazid Zerhouni.
Craignant des attentats pendant le scrutin, le gouvernement a placé les 46 577 bureaux de vote sous haute sécurité. Plus de 12 000 policiers patrouillent dans les rues de la capitale et des wilayas voisines.
"Les barrages de gendarmes ont été renforcés autour de la capitale, les services de police patrouillent à Alger", témoigne Adel Gastel.
Les marchés sont fermés, les transports routiers et ferroviaires de biens et de carburants sont interdits. Les manifestations sportives sont également suspendues.
Le ministre de l'Intérieur avait estimé, il y a trois semaines, que le "terrorisme" reculait dans ses principaux bastions, mais qu'il était encore en mesure d'organiser des attentats "spectaculaires" afin de profiter de la caisse de résonance que constitue la campagne électorale.