Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, reconnaît que le Libanais arrêté en Égypte est bien membre de son mouvement. Selon lui, il avait une "mission logistique" d'aide aux Palestiniens pour faire entrer à Gaza du matériel militaire.
AFP - Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a reconnu vendredi qu'un Libanais arrêté en Egypte était bien membre de son mouvement mais qu'il s'y trouvait en "mission logistique" pour aider les Palestiniens de Gaza et ne cherchait pas à déstabiliser l'Egypte.
"Sami Chehab est membre du Hezbollah, nous ne le nions pas", a dit Hassan Nasrallah, dans un discours retransmis par la chaîne de télévision Al-Manar, organe du mouvement chiite.
"Ce qu'il faisait (en Egypte, ndlr) est un travail logistique pour aider les Palestiniens à faire entrer à Gaza du matériel" militaire, a-t-il poursuivi.
"Si aider les Palestiniens est un crime, je reconnais mon crime officiellement (...) et tout le monde sait que ce n'est pas la première fois que le Hezbollah tente de fournir des armes aux Palestiniens", a-t-il ajouté.
Le Hezbollah a toujours proclamé son soutien aux groupes armés palestiniens mais c'est vraisemblablement la première fois qu'il est aussi explicite, en parlant d'aide militaire.
Mercredi, le procureur général égyptien, Abdel Meguid Mahmoud, avait annoncé qu'une enquête de la sécurité de l'Etat avait déterminé que Hassan Nasrallah avait chargé des hommes de perpétrer des attaques en Egypte et que 49 personnes avaient été arrêtées dans le cadre de cette affaire.
Les médias officiels égyptiens avaient indiqué jeudi qu'une des personnes arrêtées était Sami Hani Chehab, suspecté de diriger une cellule du Hezbollah, chargée d'opérer dans les pays voisins d'Israël.
"Le procureur général a décidé de garder les membres du groupe lié au Hezbollah pendant 15 jours pour qu'ils soient interrogés. Ils sont soupçonnés d'être membres d'une organisation clandestine appelant à la rébellion contre le régime", a indiqué jeudi une source judiciaire égyptienne.
Les 49 suspects sont également accusés d'espionnage, de faire du prosélytisme chiite (dans un pays où les musulmans sont de confession sunnite), d'avoir falsifié des documents officiels et fabriqué des engins explosifs, selon la source judiciaire.
"Le nombre de personnes avec qui a collaboré (...) Sami ne dépasse pas 10 (...) Je ne sais pas d'où sont venues les 50 personnes arrêtées, la plupart ne sont pas liées au Hezbollah", a en outre affirmé cheikh Hassan Nasrallah.
Un avocat des suspects, Montasser al-Zayyat, a souligné au Caire qu'ils étaient initialement soupçonnés de faire de la contrebande d'armes à l'intention du mouvement islamiste palestinien Hamas pour le compte du Hezbollah.
"Nous n'avons pu rencontrer aucun des détenus ou assister à des interrogatoires", a déclaré un autre avocat, Abdel Moneim Abdel Maqsoud.
Selon un responsable de la sécurité égyptienne, des membres de ce groupe ont été arrêtés en novembre, d'autres fin mars.
Mais Hassan Nasrallah a souligné que le Hezbollah n'avait aucune intention de déstabiliser l'Egypte, qualifiant les accusations du Caire d"'invention pure et simple visant à monter le peuple égyptien contre le Hezbollah".
"Le Hezbollah ne cherche pas (à s'attirer) l'hostilité ou (entrer en) conflit avec un quelconque régime arabe, que ce soit sur le plan de la sécurité, militaire, politique ou médiatique", a-t-il ajouté.
En janvier, en pleine offensive israélienne dans la bande de Gaza contre le Hamas, Hassan Nasrallah s'en était violemment pris à l'Egypte, appelant les Egyptiens à manifester "par millions" pour obtenir l'ouverture du terminal de Rafah, entre la bande de Gaza et l'Egypte.
L'Egypte, avait vivement réagi, en le qualifiant d'"agent" de l'Iran chiite.
L'Iran a rompu ses relations diplomatiques avec l'Egypte en 1980, après la Révolution islamique, pour protester contre la reconnaissance d'Israël par l'Egypte. Depuis, l'Egypte et l'Iran ne disposent plus que de sections d'intérêts dans leurs capitales respectives.