Edward Snowden, l'auteur des révélations sur le système de surveillance américain à l'origine du scandale Prism, est en lice pour le Prix Sakharov, décerné par le Parlement européen pour récompenser les défenseurs de la liberté d'expression.
Edward Snowden candidat au Prix Sakharov pour la liberté d’expression. C’est sur le nom de cet ancien consultant pour la National Security Agency (NSA), une agence de renseignement américaine, que la Gauche unitaire européenne et les écologistes ont jeté leur dévolu pour concourir au prix, remis par le Parlement européen pour "récompenser la liberté d’esprit et les personnalités qui s’efforcent de défendre les droits de l’Homme et les libertés fondamentales".
De quoi provoquer des crises urticaires chez les autorités américaines. Ce lanceur d’alertes, ex-employé de la NSA est recherché par les État-Unis qui souhaitent le juger pour "espionnage". Le jeune homme, aujourd’hui réfugié en Russie, a dévoilé, en juin dernier, des informations ultra-sensibles concernant la NSA, notamment au sujet de son vaste système de surveillance des citoyens, nommé Prism.
Washington a annulé son passeport américain, mais l’ingénieur informaticien est parvenu à quitter Hong Kong pour Moscou. Il a déposé une demande d’asile politique à l’Équateur. Après trois mois de cavale, les autorités américaines ne sont pas encore parvenues à le localiser. Comble de l’ironie, alors qu’il figure aujourd’hui parmi les candidats au prix du Parlement européen, aucun pays de l’Union européenne n’a souhaité lui accorder l’asile au moment de la révélation du scandale.
"Forme d’oppression insidieuse"
La Gauche unitaire européenne et les écologistes ont souhaité, en choisissant Edward Snowden, lui rendre hommage pour "l’énorme service" qu’il a rendu aux droits de l’Homme et aux citoyens européens. Dans un communiqué lu devant le Parlement européen, Edward Snowden a remercié les députés de "relever le défi soulevé par la question de la surveillance de masse". "La surveillance de populations entières, plutôt que de cibler des individus précis, devient la plus grande menace contre les droits de l’Homme de notre temps", a-t-il également écrit.
"Il a risqué sa liberté pour nous aider à protéger la nôtre. Il est le symbole du rejet de l’intrusion dans la vie privée des citoyens. Il faut lui reconnaître un rôle contre cette forme d’oppression insidieuse", estime l’eurodéputée écologiste Karima Delli, citée par "l’Humanité".
Le nom du lauréat doit être choisi le 10 octobre par les chefs de groupes politiques du Parlement européen. Le prix sera remis le 20 novembre prochain à Strasbourg. Parmi les candidats, figurent également la jeune pakistanaise Malala Youzafsaï, ciblée par les Taliban pour son combat sur la scolarisation des filles, et les militants bélarusses emprisonnés Ales Bialiatski, Eduard Lobau et Mykola Statkevich.