La France, au cours d'une cérémonie officielle, a réceptionné lundi en Espagne le premier A400M, le nouvel avion de transport militaire européen qu'Airbus espère vendre à de nombreuses armées dans le monde.
Après 30 ans de développement laborieux, le premier A400M au monde a été livré lundi 30 septembre à la France. Airbus part ainsi à la conquête des armées du monde entier avec cet avion de transport militaire européen ultra-moderne. Cette livraison permet à l'Europe de franchir une nouvelle étape en matière d'indépendance de ses transports militaires.
De nombreux responsables politiques européens ont participé à la cérémonie, organisée sur le site d'Airbus Military à Séville, où l'avion a été assemblé. "C'est un ensemble extrêmement performant et je suis assez fier que la France soit numéro un pour la livraison", s'est félicité le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. L'A400M, "dont la France avait absolument besoin", est aussi "une prouesse européenne", a-t-il insisté. "Cela montre que l'Europe de la défense, ça peut marcher s'il y a de la volonté".
Une volonté mise à rude épreuve : il aura fallu dix ans pour que les sept pays partenaires (Allemagne, France, Espagne, Royaume-Uni, Belgique, Luxembourg et Turquie) viennent à bout de sa construction, en tenant compte en plus de la crise économique. Avec quatre ans de retard et un dépassement de budget de 6,2 milliards d'euros (environ 30%), Tom Enders, PDG d'EADS, livre finalement l'appareil révolutionnaire à son premier client.
400 avions militaires A400M exportés en 30 ans
Avion de transport militaire polyvalent, l'A400M "va transformer la manière dont fonctionnent les opérations militaires", explique à l'AFP Ian Elliott, vice-président d'Airbus Military, car "pour la première fois, il permettra de livrer des équipements de combat directement sur place".
Equipé de quatre turbopropulseurs, il peut transporter jusqu'à 37 tonnes sur 3 300 kilomètres puis se poser sur des terrains non préparés, comme le sable, avec des blindés ou des hélicoptères.
Il sera seul sur le marché, face à un autre modèle américain à long rayon d'action, le C-130 de Lockheed Martin, d'une capacité de 20 tonnes et conçu il y a plus de 50 ans. Son autre concurrent, le C-17 de Boeing (76 tonnes), ne sera plus produit à partir de 2015.
Airbus Military espère en exporter 400 dans les 30 prochaines années, au-delà des 174 unités déjà commandées en Europe et en Malaisie. L'Allemagne en a commandé 53, l'Espagne 27, le Royaume-Uni 22. Dix appareils seront fabriqués l'an prochain, puis environ 30 par an.
Les commandes de Paris et Londres étudiées de près
Après ce premier avion livré lundi, un deuxième appareil devrait être remis à la France d'ici à un mois puis un troisième avant la fin de l'année.
"Le schéma, pour la France, est de 50 avions, elle en prend quinze tout de suite" selon la Loi de programmation militaire en cours d'examen au Parlement, a rappelé le ministre de la Défense. "Donc il y a un peu de lissage, mais les objectifs sont les mêmes", a-t-il assuré.
Kieran Daly, porte-parole d'Airbus Military, affirme qu'"Airbus Military a un contrat avec Occar (le consortium regroupant les sept pays partenaires du programme) qui inclut 50 avions pour la France et pour l'instant il n'y a pas de négociations pour changer ce nombre".
Le risque, a prévenu récemment le directeur de la stratégie d'EADS, Marwan Lahoud, serait que Paris réduise sa commande de 50, entraînant d'autres pays comme l'Espagne et l'Allemagne à réduire la leur. Cela se terminerait "par un écrasement général du programme" avec un renchérissement du coût unitaire de production tel "que l'export ne suffira pas à le compenser". "Les armées françaises et britanniques ont une grande crédibilité dans le monde, donc si elles en sont vraiment contentes, leur opinion comptera", souligne Ian Elliott.
"Nous ciblons la zone du Golfe et la zone Asie-Pacifique, où de nombreux pays renouvellent leur flotte", avait indiqué en juin Domingo Ureña-Raso, PDG de cette filiale du groupe européen, "mais le meilleur marketing sera fait par les armées de l'air qui démontreront les capacités de l'avion lors de leurs opérations".
Avec dépêches