Plus de deux ans après le début du conflit en Syrie, les cinq membres du Conseil de sécurité de l’ONU se réunissent cette nuit pour voter une résolution qui doit acter le démantèlement des armes chimiques du régime syrien.
Après plusieurs semaines de tractations, la communauté internationale semble avoir trouvé un terrain d’entente sur le délicat dossier syrien. Le Conseil de sécurité de l’ONU, qui se réunit dans la nuit de vendredi 27 à samedi 28 septembre, devrait voter une résolution encadrant la destruction de l’arsenal chimique syrien.
it![Vote crucial du Conseil de sécurité sur l'arsenal chimique syrien Vote crucial du Conseil de sécurité sur l'arsenal chimique syrien](/data/posts/2022/07/18/1658161233_Vote-crucial-du-Conseil-de-securite-sur-l-arsenal-chimique-syrien_1.jpg)
Le vote de cette nuit constitue une véritable avancée sur le dossier syrien, paralysé depuis le début du conflit, en mars 2011. En deux ans, le Conseil de sécurité n’est jamais parvenu à s’accorder sur un texte, Moscou et Pékin ayant mis leur veto à trois reprises.
Face à la presse, le président américain Barack Obama a qualifié l’accord négocié d’"énorme victoire pour la communauté internationale". Une satisfaction partagée par la France, qui a néanmoins souligné qu’avec cet accord, Moscou engageait "sa crédibilité".
Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a également demandé à ce que soit fixé dès vendredi soir la date d’une conférence sur la paix en Syrie, dont l’objectif serait notamment de choisir par consensus un gouvernement provisoire doté des pleins pouvoirs exécutifs. Une décision qui permettrait d’enclencher un processus de transition politique.
L’Iran, dont les relations avec l’Occident se sont particulièrement réchauffées ces dernières semaines, a fait part de son souhait de participer "activement" à toute conférence de paix sur la Syrie.
Une deuxième résolution sera nécessaire pour d'éventuelles sanctions
Le projet de résolution prévoit la possibilité pour le Conseil de prononcer des sanctions à l'encontre du régime Assad si le plan de désarmement chimique n'est pas respecté. Cependant, le texte ne précise pas quelles sont les mesures envisagées et n'impose pas de sanctions automatiques. En cas de violation des engagements, il faudrait donc une deuxième résolution, ce qui laisse à Moscou, allié de Damas, un droit de regard et une possibilité de blocage.
Les experts de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) devraient débuter mardi leurs inspections en Syrie, selon un projet d'accord dont Reuters a eu connaissance.
Ce document doit être approuvé par l'OIAC lors d'un vote vendredi soir. Il demande aussi aux Etats membres de cette organisation de financer ses opérations afin de parvenir à une rapide mise en oeuvre de l'accord russo-américain sur la destruction des armes chimiques syriennes.
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L'accord a émergé après d'intenses discussions entre Washington et Moscou, principal soutien du régime de Bachar al-Assad. L'objectif était d'élaborer une mesure exigeant la destruction de l'arsenal chimique syrien, qui aille dans le sens de l'accord trouvé à la mi-septembre entre les États-Unis et la Russien, tout en évitant des frappes américaines contre les forces loyalistes syriennes.
Les puissances occidentales membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont renoncé à la plupart des exigences qui étaient initialement les leurs afin d'obtenir l'aval de la Russie.
Les diplomates occidentaux saluent une "avancée"
Un responsable du département d'État a de son côté salué l'accord, qualifié "d'avancée". "Les Russes ont accepté de soutenir une résolution forte, obligatoire, qui réunit la pression et l'attention de la communauté internationale sur le régime syrien afin de garantir l'élimination des armes chimiques syriennes", a-t-il dit.
Pour le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, ce texte "marque un pas en avant".
Pour sa part, la Russie s'est dite prête à aider à la destruction des armes chimiques de la Syrie et à la surveillance des sites, mais exclut de détruire sur son sol une partie de cet arsenal.
Bachar al-Assad a réaffirmé quant à lui dans un entretien à la chaîne vénézuélienne Télésur que son régime ne poserait "pas d'obstacles" au démantèlement de son arsenal chimique, soulignant que son pays se considérait "généralement comme engagé par toutes les conventions" qu'il signait.
Avec dépêches