Majoritairement peuplée d'alaouites, Tartous est devenue un refuge pour les millions de déplacés syriens qui ont dû fuir les violences et les bombardements. Mais les autorités de la ville peinent à faire face à leurs besoins. Reportage.
Faten et son mari ont fuit les combats qui font rage dans la ville d'Alep. Dans l'urgence, ils ont tout abandonné derrière eux et sont venus trouver refuge à Tartous. Depuis un an et demi, ils vivent dans une petite pièce que le centre d'hébergement de la ville de Tartous a mis à leur disposition. Plus de 50 000 familles venues de toute la Syrie se sont réfugiées ici et leur nombre ne cesse d'augmenter.
S’ils sont désormais à l’abri des bombardements, ils n’ont pas oublié pour autant le conflit qui les mine. "Psychologiquement, c’est très dur pour nous", raconte Faten aux journalistes de FRANCE 24. "On n’arrête pas d’y penser. On voudrait que tout ce cauchemar soit fini, que chacun puisse rentrer chez lui et vivre en sécurité comme avant", dit-elle avec tristesse.
Majoritairement peuplée d'alaouites, la minorité religieuse dont est issu le président Bachar al-Assad, la ville de Tartous a depuis le début du conflit été épargnée par les combats. Située sur le littoral syrien, la station balnéaire ainsi que toute sa région a par conséquent servi de refuge à des milliers de familles qui ont été forcées de fuir à cause de l’intensité des combats.
6 millions de déplacés selon l'ONU
Mais aujourd’hui à Tartous, les centres d'hébergement sont pleins et les associations humanitaires totalement débordées. Ahmed Otman, responsable de l’antenne du Croissant-Rouge de la ville, saisit l’occasion du tournage de ce reportage pour interpeller la communauté internationale : "J’en appelle aux organismes donateurs et organisations humanitaires afin qu’ils multiplient leurs efforts envers le Croissant-Rouge de la ville de Tartous pour aider les familles déplacées".
Le directeur des affaires sociales de la ville confirme la difficulté des autorités à faire face à la situation : "Il y a beaucoup de demandes de la part des familles, alors qu’on n’a pas les moyens d’y répondre".
Si la question des réfugiés revient beaucoup dans les médias et les rapports des ONG, celle des déplacés est moins connue. D’après les données officielles syriennes, au moins 4 millions de Syriens ont été déplacés à l’intérieur du pays. L’ONU en dénombre pour sa part 6 millions. À Tartous, malgré les conditions difficiles dans lesquelles ils vivent, ils restent mieux lottis que dans d’autres zones, ravagées par les combats.