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L’opération séduction continue pour le président iranien. Hassan Rohani, qui doit prononcer un discours très attendu devant l’Assemblée générale de l’ONU le 25 septembre à New York, comptera dans sa délégation un député juif. Une première.

Hollande rencontrera Rohani à New York

François Hollande doit rencontrer le président iranien Hassan Rohani mardi, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York suite à une demande du président iranien. Aucune rencontre directe entre les chefs d’Etat français et iranien n’avait eu lieu depuis 2005. Elle devrait leur permettre d’aborder la question syrienne et le nucléaire iranien.

Ciamak Morsadegh est Iranien et patriote. Mais surtout, il est l’unique député juif de Téhéran. Des 80 000 juifs qui vivaient en Iran jusqu’à la révolution, entre 8 000 et 10 000 y résident encore, ce qui fait de la communauté juive de ce pays la plus importante du Moyen-Orient après Israël. Reconnus comme minorité dans la Constitution de 1979, ils ne sont représentés au Parlement que depuis 2008.

Inviter le député juif d’Iran à rejoindre la délégation officielle à l’ONU est un acte inédit. Le nouveau président iranien Hassan Rohani marque là sa différence avec son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad, connu pour son négationnisme et ses diatribes contre Israël. Sous son mandat en 2006, l’Iran est allé jusqu’à organiser un concours international de caricatures de l’Holocauste.

Avec Rohani, le ton change radicalement. Il y a quelques semaines déjà, le président iranien avait créé la surprise en s’adressant directement aux juifs du monde entier, via son compte Twitter, pour leur souhaiter un joyeux Roch Hachana (bonne année).

Barmitzvah à Téhéran

Téhéran compte une quinzaine de synagogues dans lesquelles sont célébrées Barmitzvah et autres cérémonies religieuses, sans entrave. Les juifs iraniens vivent leur religion librement tout en préférant rester discrets, voire silencieux d’après l’Association nationale des juifs d’Iran. Les tendances négationnistes du gouvernement d’Ahmadinejad ont poussé un certain nombre d’entre eux à émigrer vers Israël et les États-Unis. Les juifs iraniens restés en Iran ont donc de la famille en Israël, et pour leur rendre visite, ils doivent passer par un pays tiers. L’Iran ne reconnaissant pas l’État d’Israël, les détenteurs d’un passeport iranien ne sont pas autorisés à voyager en "Palestine occupée".

Une dance irano-juive

Malgré ces restrictions, les liens entre Israéliens et Iraniens perdurent. Et l’apaisement voulu par la nouvelle présidence iranienne n’est pas sans soulager les différentes populations. Sur sa page Facebook, le groupe Israël love Iran compte plus de 115 000 membres aujourd’hui. Ronny Edri, le graphiste israélien à l’origine du projet, a lancé ce groupe en mars 2012. À l’époque, la tension était à son apogée entre Israël et l’Iran, laissant craindre le déclenchement d’une guerre.

D’autres initiatives de rapprochement populaire émergent. Aux États-Unis, par exemple, deux rois du stand-up, l’irano-américain Maz Jobrani et son homologue juif Elon Gold, ont inventé une danse irano-juive pour la paix.

Selon Maz Jobrani et Elon Gold, Iraniens et Juifs peuvent s’entendre indépendamment de ce que décideront l’Iran et Israël à l’avenir.