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Euro-2013 : France - Espagne, duel entre meilleurs ennemis

L’équipe de France affronte l’Espagne vendredi en demi-finale de l’Euro-basket. Une affiche qui sent la poudre entre deux formations qui se croisent régulièrement dans les grandes compétitions internationales et qui ne s’apprécient guère.

Pour la quatrième fois sur les cinq dernières grandes compétitions, la France et l’Espagne, qui à force de se croiser en sont arrivées à se détester, se retrouvent dans un match à fort enjeu. À chaque fois, l'Espagne, la meilleure équipe européenne depuis sept ans, grâce à sa fabuleuse génération des "ninos de oro", sacrés champions d'Europe juniors en 1998 avec Pau Gasol et Juan Carlos Navarro, en est sortie victorieuse, provoquant regrets et frustrations chez les Français.

"C'est la seule équipe qui nous a empêchés de réaliser nos rêves ces trois dernières années", déclare ainsi l’ailier Nicolas Batum. "On a envie de les battre enfin. Là sur une belle scène, en demi-finale d'un Euro, pourquoi pas ? On va essayer de faire le match qu'on doit faire, défendre à fond et tout faire pour gagner."

"Les meilleurs d'Europe" 

Le palmarès européen récent des Français (bronze en 2005, argent en 2011), qui de toute leur histoire n'ont jamais rapporté le moindre titre international, est bien maigrelet au côté de celui des Espagnols, champions du monde en 2006, champions d'Europe en 2009 et 2011, et vice-champions olympiques en 2008 et 2012. La France a pourtant une vraie légitimité. Elle disputera vendredi sa quatrième demi-finale européenne depuis l'arrivée il y a treize ans de Tony Parker sous le maillot tricolore. Mais l'Espagne joue encore dans une autre cour: elle visera une quatrième finale européenne consécutive.

Étrangement, la naissance de cette fantastique équipe espagnole a eu lieu face à la France lors du match pour la troisième place à l'Euro-2005. Les Français avaient gagné. Mais depuis ils ont perdu dix matches sur onze (une victoire au Mondial-2010), et restent sur huit défaites d'affilée.

"Pour l'instant ce sont les meilleurs en Europe, c'est une réalité", résume Vincent Collet, le sélectionneur. "Il faut qu'on essaie de bousculer cette réalité. Ils ont cette culture de la gagne qui est ancrée en eux. Nous, il faut qu'on progresse là-dessus et je crois qu'on le fait. Mais il faut passer le cap."

"Je pense que c'est l'heure"

Les Bleus, chaque année plus proches, veulent croire que c'est enfin à leur tour de connaître les honneurs. "Je pense que c'est l'heure, j'espère que ça l'est. Tony (Parker) m'a encore dit hier soir : Les Dieux du basket ne peuvent pas être aussi cruels d'année en année. On a tellement galéré pour être là. On bat le pays hôte. Ça devrait être notre tour. On fera tout pour en tout cas", promet Nicolas Batum.

En 2012, en quart de finale des JO de Londres, les Français ont pour la première fois sérieusement accroché et fait douter des Espagnols qui disposaient de toute leur armada (66-59). Cette fois-ci, les données sont un peu différentes. La France est affaiblie dans le secteur intérieur, mais ce n'est rien en comparaison de l'Espagne, qui doit se passer de Pau Gasol, Navarro, Serge Ibaka, Felipe Reyes et quelques autres.

Or, les deux fois où l'Espagne n'a pas ramené de médaille sur les huit derniers grands tournois internationaux, à l'Euro-2005 et au Mondial-2010, Pau Gasol n'était pas là. Il reste toutefois un autre Gasol, Marc, le meilleur pivot européen du moment, que la France devra impérativement empêcher de s'exprimer.

Les Bleus comptent s'inspirer de ce qu'ils avaient montré en 2012 à Londres. "C'est une référence parce qu'on leur était rentré dedans, note Collet. Autant avant on avait tendance à trop les respecter, autant là on les a joués normalement."

"On a été un peu court, mais ça s'est joué à rien, ajoute-t-il. Donc, il faudra qu'on s'inspire de cet engagement, parce que je pense que depuis que je suis en équipe de France, c'est le match le plus abouti qu'on ait fait."

"Ne pas répondre aux provocations"

Les Bleus devront aussi maîtriser leurs nerfs, les débordements ayant été fréquents lors des dernières confrontations entre ces deux nations. Et mieux finir les matches, ce qui leur avait coûté si cher à Londres, où ils n'avaient pas mis un panier lors des cinq dernières minutes.

"Bien sûr il faut rester concentré, ne pas répondre aux provocations, à leur floping (se laisser tomber en simulant un contact, Ndlr). C'est un peu énervant parfois, mais il faut passer au-dessus de ça", confie Batum.

Pour Tony Parker, éblouissant en quart de finale contre la Slovénie (72-62), pendant que l'Espagne giflait la Serbie (90-60), il ne fait pas de doute que ce sont là les deux meilleures équipes d'Europe. Le meneur n'hésite pas à prédire: "L'équipe qui gagnera demain (vendredi) deviendra championne d'Europe."

Avec dépêches