Selon les dernières statistiques de l’ONU et de l’Union européenne, sept millions de Syriens doivent recevoir une aide humanitaire pour survivre. Un chiffre qui explose : en mars 2012, ils étaient un million.
La priorité en Syrie reste humanitaire, martèlent plusieurs institutions, alors même que la résolution politique du conflit syrien est sur la table de travail, avec notamment la rencontre entre les ministres russe et français des Affaires étrangères, mardi 17 septembre à Paris. D’après l’ONU et l’Union européenne, près de sept millions de Syriens - dont la moitié sont des enfants - ont besoin d'une aide humanitaire d'urgence. Ce chiffre représente près d'un tiers de la population. "Plus de deux millions sont réfugiés hors des frontières et plus de quatre millions sont déplacés dans le pays", précise Valérie Amos, coordinatrice des opérations humanitaires de l'ONU, lors d'une conférence de presse mardi 17 septembre à Koweït.
Selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), quelque 742 000 réfugiés syriens se trouvent au Liban, 519 000 en Jordanie, 463 000 en Turquie, 186 000 en Irak et 124 000 en Égypte, où les Syriens sont mal accueillis depuis la chute du président issu des Frères musulmans, Mohamed Morsi (voir le reportage de notre correspondante au Caire Sonia Dridi).
Accéder aux zones de combat
D’où l’urgence de permettre aux ONG de travailler sur le terrain. Interrogée mardi sur FRANCE 24, la commissaire européenne à l’Aide humanitaire, Kristalina Georgieva, appelle à inclure dans les négociations politiques des clauses sur l’accès des travailleurs humanitaires au terrain. Une exigence soutenue par le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Peter Maurer, qui rapporte les immenses difficultés que rencontrent les humanitaires pour "franchir les lignes de guerre" et accéder aux zones de combat. D’après lui, aucune des parties ne respecte le principe humanitaire du droit des organisations à aider les blessés et victimes de guerre. Soigner les combattants blessés est vu par "les deux parties comme un soutien militaire en faveur de l'autre partie", regrette l'ancien diplomate suisse.
Vendredi dernier, plusieurs centaines de milliers de personnes se sont trouvées prises au piège des combats dans les environs de Damas, indique l'ONU. Valérie Amos alerte sur la situation particulièrement dramatique dans la localité de Moadamiyet al-Sham, près de Damas, où 12 000 habitants restent bloqués après que la majorité de la population a fui. La localité "est assiégée depuis 10 mois et bombardée quotidiennement", et les organisations humanitaires ne peuvent pas y accéder, souligne-t-elle. "Je demande à toutes les parties d'accepter une pause dans les hostilités pour laisser les agences humanitaires évacuer les blessés" et aider les habitants, assène-t-elle.
"Le risque : perdre une génération entière d'enfants"
Face à la détérioration de la situation, le budget humanitaire des grandes organisations internationales paraît insuffisant. "L’Union européenne et les pays membres dépensent environ 1,7 milliard d’euros d’aide humanitaire en Syrie, et viennent au secours de trois millions de personnes, tout au plus. Nous avons besoin de deux fois plus de moyens. Le risque est de perdre une génération entière d’enfants syriens", plaide la commissaire Kristalina Georgieva.
Les conditions de vie dans les camps de réfugiés, ainsi qu’en ont témoigné plusieurs journalistes, sont déplorables. "La situation humanitaire est vraiment terrible, décrivait sur l’antenne de FRANCE 24 en mai dernier Alfred de Montesquiou, grand reporter à "Paris Match". J’ai visité des dizaines de camps de réfugiés [au cours de ma carrière]. Je n’ai jamais vu de camps de réfugiés comme ceux que j’ai vus en Syrie."