C'est par un tweet que le réseau social Twitter a annoncé, jeudi soir, son intention d'entrer en Bourse, une opération préparée depuis plusieurs mois par le groupe, attendu au tournant depuis le calamiteux lancement boursier de Facebook.
Dans un gazouillis en 140 caractères, le réseau social Twitter a officialisé jeudi 12 septembre son projet d'entrer en Bourse, qui s'annonce comme l'opération la plus attendue par les marchés depuis celle de Facebook en 2012. "Nous avons soumis de façon confidentielle un formulaire S-1 à la SEC", le gendarme américain de la Bourse, "en vue d'une introduction en Bourse", a indiqué le site Internet aux plus de 200 millions d'utilisateurs sur son compte officiel, @twitter. "Maintenant, on retourne bosser", pouvait-on lire dans un second message.
We’ve confidentially submitted an S-1 to the SEC for a planned IPO. This Tweet does not constitute an offer of any securities for sale.
— Twitter (@twitter) September 12, 2013Le réseau social s'est préparé ces derniers mois à son lancement boursier en se dotant notamment des capacités pour monétiser son site. Il a ainsi annoncé mardi le rachat d'une société de publicité sur appareils mobiles, MoPub, alors que ce secteur est désormais le nerf de la guerre de l'Internet. Selon le site spécialisé eMarketer, le réseau devrait engranger 582,8 millions de dollars de recette annuelle publicitaire et près d'un milliard l'année prochaine.
Selon la presse spécialisée et les experts, Twitter vaudrait entre 10 et 15 milliards de dollars et aurait déjà levé plus d'un milliard de dollars à ce jour, au cours de tours de table privés. Le défi pour Twitter sera de réussir son lancement boursier là où celui de Facebook, huit ans après sa naissance, avait été calamiteux, marqué par des problèmes technologiques, qui ont perturbé la cotation et entraîné des litiges en chaîne. L'action, elle, avait chuté dès le lendemain de sa première journée de cotation en mai 2012 et a mis plus d'un an à remonter la pente.
Introduction boursière confidentielle
Twitter peut bénéficier d'une préparation en douceur pour l'opération grâce à une nouvelle loi américaine qui permet de faire des "introductions boursières confidentielles" : cette disposition dispense les entreprises qui réalisent un chiffre d'affaires annuel inférieur à 1 milliard de dollars de publier des informations financières jusqu'à 21 jours avant le début du "roadshow", la tournée pendant laquelle banquiers et dirigeants font l'article des futurs titres auprès des investisseurs institutionnels.
Une procédure qui laisse sceptiques certains spécialistes. Selon Trip Chowdhry, analyste de Global Equities Research, "s'ils font une introduction boursière confidentielle, c'est qu'ils ont quelque chose à cacher". "Dans cette situation l'information n'est pas disponible on ne sait pas comment va leur entreprise depuis deux ans. Cela décrédibilise la direction de Twitter", a-t-il ajouté. Un manque de transparence pour l'opération de Twitter pourrait rebuter des investisseurs échaudés par Facebook.
Twitter, qui revendique "plus de 200 millions d'utilisateurs réguliers", est devenu un moyen de communication incontournable. Le réseau social est particulièrement utilisé dans les affaires, puisqu'il permet aux sociétés cotées en bourse d'y publier directement leurs messages aux investisseurs.
Avec dépêches