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En pleine crise syrienne, Moscou veut rediscuter armement avec l'Iran

Alors que la tension ne cesse de monter autour du dossier syrien, le quotidien "Kommersant" rapporte mercredi que Moscou s'apprêterait à proposer des missiles perfectionnés S-300 à l'Iran, autre allié du régime de Bachar al-Assad.

En plein conflit syrien, la transaction revêtirait un caractère particulièrement symbolique. Selon le quotidien russe "Kommersant", qui cite une source proche du Kremlin, Moscou s’apprêterait à proposer à l’Iran une livraison de missiles perfectionnés S-300, lors du sommet régional de l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS), prévu vendredi 13 septembre. Des armes "quasiment identiques à celles que la Russie est soupçonnée de livrer à Damas, malgré ses dénégations", précise "Le Figaro".

Selon "Kommersant", la Russie offrirait également ses services à Téhéran pour la construction d’un deuxième réacteur nucléaire pour sa centrale de Bouchehr.

À l’heure où Moscou tente de s’affirmer face à Washington sur le dossier syrien, cet éventuel accord militaire avec Téhéran, autre allié du régime de Damas, n’aurait rien d’anodin. Bien au contraire. Depuis deux ans, les contrats d’armement russo-iraniens avaient été stoppés sur décision de Dmitri Medvedev, alors président.

Une nouvelle "coopération militaro-technique"

En 2010, la Russie avait décidé de respecter la résolution de l'ONU sur de nouvelles sanctions infligées au pays des mollahs en raison de son programme nucléaire controversé. L’Iran, furieux de la rupture de ses contrats qui représentaient 800 millions de dollars, avait porté plainte contre l'entreprise publique russe chargée des exportations d'armements, Rosoboronexport. Le pays réclamait même à Moscou un dédommagement de 4 milliards de dollars.

Mais aujourd'hui, la hache de guerre pourrait bien être enterrée si Téhéran acceptait de retirer sa plainte. Plusieurs sources militaires ont nié l’existence de négociations autour de cette livraison,  affirmant que la Russie n’avait pas l’intention de violer les sanctions de l’ONU. Mais le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a lui confirmé à "Kommersant" que Vladimir Poutine et le président iranien Hassan Rohani aborderaient au cours de leurs entretiens "la coopération dans le domaine de l'énergie nucléaire, en particulier dans le contexte de Bouchehr", et "les questions de coopération militaro-technique".

En cas d’attaque en Syrie, la livraison d’armes à l’Iran serait "justifiée"

Pour Téhéran, qui craint toujours d'être la prochaine cible après Damas, "ce S-300 constituerait aussi l'arme la mieux à même de contrer un tir de missile américain, type Tomahawk", précise "Le Figaro". Ces armes pourraient même servir ses vélléités militaires contre Israël, son grand ennemi.

Ce rapprochement russo-iranien n'est pas seulement économique "mais plutôt politique", a précisé la source du Kremlin citée par "Kommersant". Les deux pays sont tous deux des alliés majeurs du régime de Damas. Ensemble, ils s'opposent à toute intervention militaire contre la Syrie.

Alexeï Pouchkov, chef de la commission des Affaires étrangères à la Douma [chambre basse du Parlement russe], a d'ailleurs estimé mercredi 11 septembre que si les États-Unis décidaient finalement de lancer des frappes contre la Syrie, la Russie armerait l'Iran. "Dans le cas où, aux États-Unis, le parti de la guerre l'emporterait, il serait justifié pour la Russie d'étudier… un élargissement de la livraison d'armes de défense à l'Iran", a-t-il ainsi déclaré.

Avec dépêches