, envoyé spécial à Nice – Vingt-six sportifs et athlètes africains ont disparu à Nice à l’occasion de la 7e édition des Jeux de la Francophonie. Treize sportifs congolais, sept artistes djiboutiens et six Ivoiriens et Ivoiriennes sont dans la nature.
Les jours se suivent et se ressemblent à Nice où l'on compte plus les athlètes africains disparus que les médailles aux 7e Jeux de la Francophonie. Après la RDC, c’est au tour de la Côte d’Ivoire de tristement se signaler avec la disparation de six membres de la délégation.
Après la fuite d’un danseur de hip-hop, vendredi, de deux lutteurs Kouadio Brou Arnaud (-74kg) et Aladji Abass (-64kg) lundi soir après leur pesée, ce sont trois basketteuses ivoiriennes qui ont disparu mercredi matin.
"Cela a été très difficile de constater au réveil qu’il nous manquait trois joueuses importantes dans notre équipe, trois "soeurs". Elles nous ont lâchés, a déploré la jeune Salimata Berté (24 ans) au micro de FRANCE 24. Ce n’est vraiment pas facile. On était dans la déprime."
L’Ivoirienne Salimata Berté revient sur la disparation de 3 coéquipières : "Elles nous ont lâché"
D’autant plus que parmi les trois joueuses disparues figurait la capitaine Assetou Kolga, championne de Côte d’Ivoire avec le Club Sportif Abidjanais, qui préparait également le prochain AfroBasket organisé à Madagascar. "Je ne comprends pas, sincèrement je ne comprends pas…", a continué Salimata Berté. Une incompréhension partagée par la meilleure marqueuse ivoirienne Kani Kouyaté, coéquipière d’Assetou Kolga à Abidjan. "Le ministre des Sports a clairement indiqué que nous étions venus ensemble et qu’il fallait revenir ensemble. C’est vraiment dommage. Ça m’attriste, mais c’est leur choix."
Treize athlètes de RDC dans la nature
Les Ivoiriennes, privées des deux sœurs Kolga, Maimounatou et Assetou et également d’Angelina Yvonne Bognini Halobo ont réussi à se hisser en demi-finale du tournoi en battant en quarts de finale la France 68 à 63. En demi-finale, jeudi, la Côte d’Ivoire affrontera les Belges de Wallonie/Bruxelles, victorieuses des Maliennes 70-62.
Ces 7e Jeux de la Francophonie avaient déjà commencé par la disparition massive d’athlètes congolais. Treize d’entre-eux ont disparu dans la nature : les footballeurs Enoch Ekangamene, Vivien Mayele, Bukasa Bakangila, les cyclistes Salomon Kongolo Mpunga et Enoch Manzambi Kalunga, la sprinteuse Julie Kasongo Pitali et enfin toute l’équipe féminine de basket-ball.
"On a tendu un piège à nos athlètes, a assuré sur RFI Barthélémy Okito, chef de la délégation de la RDC. On leur a fait miroiter des histoires, des bobards."
"Personne ne peut te donner des idées de fuite, a nuancé de son côté la basketteusse Salimata Berté. Elles ont dû planifier ça dès le départ."
L’entraîneur de l’équipe de football, Baudouin Lofombo, a fait part de son incompréhension : "En restant en France, qu’est-ce qu’ils [les sportifs en fuite, NDLR] vont faire ? Ils vont être sans-papiers, ils vont devenir des poubelliers. Moi, je préfère qu’ils rentrent au pays avec nous. Ils ont l’avenir devant eux. Donc, pourquoi rester ici ?"
"Il y a un côté mirage avec ce qu’il pense trouver ici"
Bernard Maccario, directeur général du Comité national des Jeux de la Francophonie, s’est montré fataliste au micro de FRANCE 24, avouant de la "tristesse et de l’incompréhension."
"On assiste à un phénomène de banalisation. On a connu ce même type de problème en 2001 à Ottawa lors de précédents Jeux de la Francophonie. Une centaine d’athlètes avait demandé à rester. À chaque grand événement sportif, c’est la même chose."
Des mesures ont toutefois été prises par l’organisation, comme le "contrôle des accès aux lieux d’hébergements des délégations" pour éviter que des individus mal intentionnés viennent tenter certains athlètes.
"Je pense que certains athlètes et artistes ne se représentent pas l’honneur qu’ils ont de venir défendre les couleurs de leur pays à l’occasion de ces Jeux, souligne Bernard Maccario. Mais il y a un côté mirage avec ce qu’il pense trouver ici."