Le groupe Bolloré, qui gère la société Autolib', a déposé plainte mardi contre X pour "espionnage industriel". L'entreprise soupçonne BMW d'avoir secrètement mandaté deux de ses agents pour récolter des informations liées aux Autolib'.
Ils s’intéressaient d’un peu trop près aux bornes Autolib’ de Paris. Après l’arrestation et la garde à vue de deux Allemands, arrêtés jeudi 5 septembre dans la capitale parisienne, le groupe Bolloré a décidé mardi de déposer plainte contre X pour espionnage industriel, "abus de confiance" et "intrusion dans un système automatisé de données".
Il faut dire que les deux ressortissants allemands, techniciens de haut niveau, repérés à plusieurs reprises en train de rôder autour de bornes Autolib', se faisaient passer, selon les témoignages, pour des agents de maintenance. Ils travaillent en réalité pour P3 Group, expert en "ingénierie". Or, cette entreprise avait été missionnée par le géant BMW qui prépare actuellement le lancement mondial de son véhicule I3 électrique.
Montré du doigt, BMW a contesté tout espionnage. Selon le constructeur allemand, ces deux techniciens participaient à une opération de "tests de routine, à travers l'Europe, pour vérifier la compatibilité des recharges accessibles sur la voie publique" dans le cadre du lancement de l’I3. Sauf que BMW assure dans le même temps que, ce jour-là, contrairement aux fois précédentes, il n'avait "ni conduit, ni mandaté aucun test".
"Avance technologique" de Bolloré
Que cherchaient donc les deux hommes ? Des informations liées à la technologie des Autolib’, suspecte-t-on chez Bolloré. "On ne sait pas pour le moment quelles informations ils ont pu récolter ou quelles technologies ils ont utilisées", a déclaré mardi à l'AFP un porte-parole d'Autolib', Jules Varin. "Tout ce qu'on peut dire c'est qu'on [Bolloré] a de l'avance sur plusieurs technologies sur lesquelles nous avons investi beaucoup d'argent, dont la batterie et des systèmes de géolocalisation". Selon lui, "même s'il faut une clé spéciale, des informations peuvent être accessibles à partir des bornes".
Selon le Figaro, les deux techniciens ont été interpellés le 5 septembre, alors qu'ils s'affairaient sur une station, rue Jouffroy d'Abbans, dans le XVIIe arrondissement de Paris. Placés en garde à vue à la Brigade d'enquêtes sur les fraudes aux technologies de l'information (Befti), le service de la police judiciaire parisienne spécialisé dans la délinquance informatique, les deux hommes ont été relâchés vendredi, sans faire l'objet de poursuites.
Repérés, ils semblent gênés quand on leur demande une explication
Cela faisait plusieurs semaines que la direction d'Autolib' s'inquiètait des allées et venues de ces deux curieux autour des voitures électriques parisiennes. Le 21 août, des "ambassadeurs" - salariés chargés de surveiller le parc et d'aider les usagers - avaient repéré une BMW immatriculée en Allemagne garée sur un emplacement Autolib', dans une station du XIIIe arrondissement.
Les deux hommes qui s'activaient sur la borne semblaient gênés quand les gardiens leur ont demandé une explication. Ils ont répondu dans un français très hésitant qu'ils travaillaient pour le compte d'un constructeur allemand en ne citant pas la bonne marque. Les "ambassadeurs", intrigués, relèvent alors le numéro d'immatriculation et alertent leur hiérarchie.
Les "ambassadeurs" sont mis en alerte. Dès le lendemain, le 22 août, les deux techniciens sont de nouveau repérés. Le 5 septembre, ils sont interpellés rue Jouffroy-d'Abbans.
Le groupe Bolloré s'est lancé dans les batteries et le stockage d'énergie, une activité dont la vitrine est l'Autolib' - 1 800 petites voitures gris métal qui sillonnent les rues de Paris et de sa banlieue. Autolib' revendique 34 000 abonnés actifs et un total de 2,8 millions de locations enregistrées.
Avec dépêches