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Centrafrique : affrontements meurtriers entre la Séléka et les partisans de Bozizé

Alors qu'au moins 60 personnes ont été tuées depuis samedi dans des combats entre partisans de l’ex-président Bozizé et hommes de la Séléka, FRANCE 24 s'est rendu sur les lieux d'un massacre perpétré il y a trois semaines. Des images exclusives.

L’archevêque de Bangui, Dieudonné Nzapalainga, a pu se rendre au village de Forte, près de la ville de Bohong. Il y a tourné des images que FRANCE 24 a pu se procurer en exclusivité. Le religieux a découvert dans le village des ossements et des restes de crânes humains. Abasourdi par les scènes de désolation qui s’offraient à lui, il a interrogé les habitants qui lui ont raconté le massacre qui a eu lieu trois semaines plus tôt. Ils accusent les miliciens de la Séléka de l’avoir perpétré.

Selon plusieurs sources, les combats ont repris en Centrafrique entre des partisans de l'ancien président François Bozizé et les hommes de la Séléka. Depuis samedi 7 septembre, des massacres ont en effet été rapportés autour de la ville de Bossangoa, à 300 kilomètres au nord de la capitale. Au moins 60 personnes ont été tuées en trois jours selon les autorités centrafricaines et la Fomac, la force de paix africaine présente sur place. La préfecture d'Ouham, dont Bossangoa est le chef-lieu, est la région d'origine du général Bozizé, renversé le 24 mars par la coalition rebelle Séléka dirigée par Michel Djotodia.

À Bouca, localité à une centaine de kilomètres à l'est de Bossangoa, des habitants ont raconté que des combats avaient commencé après l'attaque de la ville et d'un ancien camp de rebelles par une trentaine d'hommes partisans de l'ancien président. Un habitant ayant fui la ville après le début des combats a raconté que des maisons et des commerces avaient été incendiés. John Nadiri, un chauffeur de Médecins sans frontières à Bouca, a déclaré au téléphone que l'ONG française avait enregistré 18 morts et 31 blessés dans ces combats.

Difficulté à contrôler le territoire en dehors de Bangui

Le gouvernement pointe du doigt des partisans de l’ancien président. "Cela fait deux jours que des hommes armés se réclamant de l'ex-président François Bozizé se sont infiltrés dans les villages autour de Bossangoa. Ils ont détruit les ponts et autres infrastructures (...) Soixante personnes au moins ont été tuées dans ces attaques", a déclaré lundi le porte-parole de la présidence, Guy-Simplice Kodégué.

Interrogé par les journalistes de FRANCE 24, le ministre de la Sécurité publique Josué Binoua a expliqué les difficultés que les autorités centrafricaines ont à contrôler le pays en dehors de la capitale. Nombre de groupes armés y agissent, mercenaires proches de l’ancien président Bozizé, groupes d’auto-défense…"Les troupes de l'armée ne sont pas du tout contrôlées", explique également Josué Binoua évoquant des "électrons libres".

Crépin Mboli-Goumba, porte-parole du gouvernement, a réclamé une intervention internationale pour rétablir l'ordre. "C'est une tentative de Bozizé et de ses partisans en vue de reprendre le pouvoir. Six villes sont tombées, ce qui montre que la Séléka ne contrôle pas la situation et nous demandons donc une intervention de la communauté internationale", a-t-il dit, cité par Reuters.

Une mission des Nations unies a trouvé des preuves flagrantes de violations à grande échelle des droits de l'Homme ces derniers mois en République centrafricaine, qui ont notamment forcé des milliers de personnes à fuir de chez elles dans le nord du pays. Le Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) estime à plus de 200 000 le nombre de personnes déplacées en raison des violences. Plus de 62 000 ont gagné le Tchad, le Cameroun et la République démocratique du Congo (RDC) depuis le début de la crise en septembre 2012.

Avec dépêches