
Alors que Moscou élit son maire dimanche, l’attention est focalisée sur Alexeï Navalny, farouche opposant au président Poutine et chantre de la lutte anti-corruption. Mais le favori du Kremlin Sergueï Sobianine reste largement en tête.
Il y a peu de chances qu’Alexeï Navalny, porte-étendard de la contestation anti-Poutine, remporte dimanche 8 septembrele le scrutin municipal de Moscou. Avec environ 20% des intentions de vote, il reste très loin des 60% dont est crédité le maire sortant de la capitale russe et grandissime favori Sergueï Sobianine.
Mais à Moscou, sa candidature est avant tout symbolique. Dans un pays où l’opposition est marginalisée depuis une décennie, la donne politique est rarement bousculée. Ce changement, le candidat de 37 ans en a d’ailleurs fait son credo, appelant vendredi les Moscovites à voter pour lui afin de briser la domination de Vladimir Poutine, qu'il décrit dans interview au quotidien en ligne gazeta.ru comme un président "omniprésent dans l'espace politique russe".
Navalny a basé toute sa campagne, particulièrement active dans la rue et sur le web, sur cette opposition farouche, dans la lignée de la position qui l’avait propulsé à la tête du mouvement de protestation de l’hiver 2011-2012.
Condamné en juillet à cinq ans de détention pour des accusations de malversations qu'il dit fabriquées de toutes pièces, Navalny a été emprisonné puis libéré contre toute attente par la justice jusqu'à l'examen en appel pour qu'il puisse mener campagne.
Récemment, il martelait encore que son résultat aux municipales enverrait un clair signal au pouvoir et déterminerait "si l'on peut mettre les gens en prison et continuer de voler de l'argent". Cette campagne "aurait pu être celle de la présidentielle", a par ailleurs reconnu l'opposant, qui a déjà fait part de son envie de briguer la présidence en 2018.
Référendum anti-Poutine à Moscou
Si l’issue du scrutin ne fait guère de doute, les analystes s’accordent à dire que pour le Kremlin, la participation de Navalny a transformé cette élection en "un référendum sur Poutine" à Moscou.
D’autant que se dresse face à lui un candidat directement issu du sérail. Sergueï Sobianine, 55 ans, est considéré comme un gestionnaire efficace, sans charisme. Face à la verve de son "challenger", il a décidé de jouer profil bas et de délaisser la campagne au profit de l’exercice de son mandat.
Il avait été nommé à la tête de la capitale russe par décret du Kremlin, en 2010, avant de demander la tenue d’élections anticipées afin d’asseoir sa légitimité.
Il a depuis multiplié les opérations de séduction auprès de ses administrés, notamment par la création d’un système de vélos en libre-service ou le lancement de grands chantiers de rénovation des monuments historiques.
Les bureaux de vote, qui ont ouvert en début de matinée, doivent fermer à 18h, heure de Paris. Les premiers résultats sont attendus deux heures plus tard.
Avec dépêches.