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Marseille : "Les règlements de comptes ne sont pas plus fréquents que l'an passé"

Les deux règlements de comptes meurtriers qui ont eu lieu jeudi dans la région de Marseille suscitent l'indignation au sein de la classe politique. Mais ce n'est pas tant le nombre d'homicides que les méthodes qui inquiètent les spécialistes.

La série noire continue à Marseille. Dans la même journée, à 12 heures d'intervalle, deux personnes ont été tuées par balle, jeudi 5 septembre, à Marseille et dans sa région, ce qui porte à 15 le nombre de règlements de comptes meurtriers depuis le début de l'année dans le département des Bouches-du-Rhône. 

Aussi élevé qu'il puisse paraître, ce chiffre est loin de révéler une hausse de ce type d'homicides puisque la préfecture de police en recensait 19 l'année dernière à la même époque. "Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce phénomène n'est pas du tout en augmentation, confirme sur FRANCE 24 Cyril Rizik, responsable des statistiques à l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP). On est encore loin des 24 règlements de comptes enregistrés par le département en 2012."

"Braquage médiatique sans précédent"

Ces sanglantes représailles sont le résultat d'une guerre de la drogue particulièrement violente à laquelle se livrent des groupes de trafiquants en quête de nouveaux territoires à Marseille. Face à un chômage endémique, qui touche particulièrement les jeunes, l'économie criminelle a pris le pas sur l'économie traditionnelle, notamment dans une quarantaine de cités sensibles de la ville. Chacune génère des bénéfices de l'ordre de 40 000 euros par jour.

Pour Cyril Rizik, si ces règlements de comptes paraissent plus fréquents, c'est essentiellement dû à "un braquage médiatique sans précédent". "Cela n'a pourtant rien de nouveau", affirme-t-il. En 2010, le journal local "La Provence" recensait déjà 17 règlements de comptes dans la ville de Marseille et sa région.

Deux modes opératoires

En revanche, les spécialistes ont constaté que les meurtres étaient de plus en plus souvent commis par des pistolets automatiques, tels que des kalachnikovs. C'est notamment le cas de l'homicide commis jeudi matin, à La Ciotat. Kevin el-Malki, 24 ans, a été abattu d'une dizaine de tirs d'un pistolet automatique et d'un fusil à pompe de calibre 12.

En ce qui concerne, l'assassinat d'Adrien Anigo, fils de José Anigo, célèbre directeur sportif de l'Olympique de Marseille, il ne s'agit pas d'un différend "entre petits délinquants qui règlent leurs comptes à coups de rafales de kalachnikovs", indique dans "Le Parisien" de ce vendredi Xavier Monnier, auteur de "Marseille, ma ville : portrait non autorisé". Selon lui, cette affaire relève plutôt "du banditisme à l'ancienne".