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Menaces de Bachar al-Assad contre la France : "le risque est réel"

Paris doit-il craindre des représailles de Damas en cas d’action armée en Syrie ? C’est en tout cas ce qu’affirme Bachar al-Assad. Selon les experts, le risque est bien réel.

Dans une interview au Figaro publiée lundi 2 septembre, le président syrien a mis en garde les autorités françaises contre les conséquences d’une éventuelle action armée. Bachar al-Assad a été clair : si Paris intervient militairement en Syrie, il y aura des "répercussions négatives sur les intérêts de la France".

Selon nombre d’experts, les représailles syriennes pourraient se traduire par des attentats contre des ambassades ou des ressortissants français au Moyen-Orient, et plus particulièrement au Liban où résident 2 000 Français et 20 000 bi-nationaux.

Les soldats français de la Finul menacés

Pour Alain Rodier, directeur de recherches au Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), "le risque est réel". "La menace numéro un pèse sur la Finul, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), dont la France est l’un des principaux contributeurs. Elle est présente dans le sud du pays, fief du Hezbollah, mouvement armé libanais, indéfectible allié de Damas.

À ce sujet, le spécialiste rappelle que le mouvement chiite armé est totalement dépendant de l’Iran et que c’est en raison des liens entre Damas et Téhéran qu’il combat aux côtés du régime syrien. "Il ne faut pas oublier que des combattants iraniens et du Hezbollah soutiennent l’armée syrienne", rappelle-t-il. Le Hezbollah n’a pas hésité à envoyer en Syrie plusieurs centaines de combattants qui ont notamment eu un rôle déterminant dans la bataille de Qousseir, fief rebelle frontalier du Liban repris par l’armée syrienne.

Interrogée par l'AFP à Beyrouth, la force de l'ONU a assuré prendre "les mesures de sécurité appropriées" conformément à sa propre "évaluation des menaces". "La situation sur le terrain est calme", a toutefois déclaré mardi une porte-parole. Reste que ce ne serait pas la première fois que le contingent français de la Finul fait l’objet d’attaques. Le 26 juillet 2011, six soldats français de la Finul ont été blessés par l’explosion d’une bombe au passage de leur convoi près de Saïda. Le 9 décembre de la même année, cinq autres militaires français ont également été la cible d'une explosion similaire à Tyr. Le chef de la diplomatie française en poste à l’époque, Alain Juppé, avait alors ouvertement accusé la Syrie de se cacher derrière ces attentats. "Nous avons de fortes raisons de penser" que l’attentat a été commandité par la Syrie, avait ainsi déclaré le ministre. Le soulèvement syrien durait alors depuis plus de 10 mois et Paris avait haussé le ton face à la sanglante répression menée par le régime syrien.

Damas avait déjà été pointé du doigt dans des attentats perpétrés au Liban. Les services secrets syriens, également connus sous le nom de "Moukhabarat", avaient été accusés par le passé de nombreux attentats commis au Liban dont certains contre la France comme celui qui a coûté la vie en 1981 à l’ambassadeur français Louis Delamare. Mais ces derniers, "les seuls en Syrie qui pourraient mener des actions terroristes, ont autre chose à faire, ce serait davantage du côté du Hezbollah que pourrait éventuellement provenir une menace", analyse Alain Rodier.

"Le Hezbollah peut frapper partout dans le monde"

S’il est vrai que les forces françaises de la Finul et d'autres intérêts français au Liban constituent les premières cibles pour d’éventuelles représailles, elles ne sont pas les seules. Alain Rodier estime que "l’Iran, via le Hezbollah peut frapper partout dans le monde". Et de rappeler, "cela s’est déjà produit : tout récemment en juillet 2012 un attentat meurtrier contre des touristes israéliens en Bulgarie a été attribué au Hezbollah. Environ 18 ans plus tôt, le mouvement avait organisé des attaques en Amérique latine", en Argentine notamment contre un centre culturel juif.

De son côté, le président français François Hollande a affirmé mardi que Paris prenait "toutes les dispositions" face à la menace terroriste. Interrogé mardi par l'AFP sur un éventuel renforcement des mesures de sécurité visant à protéger les ressortissants français, le Quai d'Orsay a répondu que celles-ci étaient, "partout dans le monde, adaptées en permanence en fonction de l'évolution des menaces.