Des milliers de manifestants ont pris d'assaut la présidence ainsi que le Parlement. Selon la télévision Moldova 1, une jeune femme est décédée au cours de ces manifestations. Le président évoque, pour sa part, une tentative de coup d'État.
AFP - Des milliers de jeunes manifestants ont pris d'assaut mardi la présidence et le Parlement moldaves, où une personne a trouvé la mort selon la télévision nationale, contestant la victoire des communistes aux élections législatives.
Malgré l'utilisation de grenades lacrymogènes et de canons à eau par la police, les manifestants ont réussi à entrer dans les bâtiments de la présidence et du Parlement dans le centre de Chisinau, capitale de cette ex-république soviétique roumanophone coincée entre la Roumanie et l'Ukraine.
Certains sont ensuite ressortis avec des meubles qu'ils ont brûlés dans la rue. D'autres ont planté un drapeau aux couleurs de l'Union européenne sur le toit de la présidence.
Une jeune femme est décédée dans le Parlement en feu en inhalant de l'oxyde de carbone, a affirmé la télévision Moldova 1. Cette information n'a pas pu être immédiatement confirmée.
Les manifestants ont aussi jeté des pierres contre le bâtiment de la présidence, brisant des vitres, en scandant "A bas le communisme" et "Nous exigeons un nouveau décompte des bulletins".
D'autres criaient "Liberté", "Nous voulons être dans l'Europe", "Nous sommes Roumains". Ils portaient une affiche sur laquelle était écrit "Vaut mieux être mort que communiste".
De violents heurts se sont produits avec les forces de l'ordre, faisant des dizaines de blessés.
"Plus de 30 blessés ont été amenés chez nous. Il y a des policiers et des jeunes parmi les manifestants. Ils souffrent de divers traumatismes, il y a des blessés graves", a déclaré le médecin en chef de l'hôpital des urgences de Chisinau, Gueorgui Tchobanou.
Devant cette flambée de violences, le président communiste sortant Vladimir Voronine a affirmé que la Moldavie défendrait "fermement l'intégrité de l'Etat" face à des "fascistes ivres de colère qui tentent de commettre un coup d'Etat".
Le successeur de M. Voronine doit être élu par le prochain Parlement entre le 8 avril et le 8 juin.
Les partis de l'opposition libérale, qui dénoncent des irrégularités lors des législatives de dimanche, ont appelé à poursuivre les manifestations tant que leurs exigences ne seraient pas satisfaites, soit un nouveau comptage des voix et l'annulation du scrutin si les fraudes sont avérées.
"Nous n'avons pas eu de réponse des autorités à nos exigences. Nous continuons d'attendre et nous restons dans la rue", a déclaré le président du Parti libéral-démocratique, Vlad Filat, démentant qu'un accord ait été trouvé avec le pouvoir.
Le maire de Chisinau et vice-président du Parti libéral, Dorin Chirtoaca, a affirmé que les manifestations se "poursuivraient tant que la date de nouvelles élections ne serait pas fixée".
Le Parti communiste moldave (PCM), pro-européen, a remporté 50% des suffrages aux élections législatives, loin devant le Parti libéral (12,78%) et le Parti libéral-démocrate (12,26%).
L'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) a jugé ces élections dans l'ensemble conformes aux normes internationales.
"Il y a des gens qui peuvent témoigner que certains ont voté à plusieurs reprises et que des morts ont pris part au vote", a affirmé pour sa part le maire de Chisinau.
La Russie s'est aussitôt dit "inquiète" devant des violences "provoquées", y voyant une menace pour "l'avenir du système politique (moldave) et du pays". Le diplomate en chef de l'UE, Javier Solana, a appelé "toutes les parties à ne pas céder à la violence".
Arrivés au pouvoir en 2001 sur un programme pro-russe, les communistes ont opéré un virage radical en 2005 en se tournant vers l'Union européenne, dont ils espèrent bénéficier d'une aide économique pour le pays, le plus pauvre d'Europe.
Ils continuent toutefois de ménager la Russie, dont la Moldavie reste très dépendante, notamment pour son gaz, et pour le règlement du conflit dans la région séparatiste de Transdniestrie, peuplée majorité de russophones soutenus par Moscou.