![Athlétisme : une étude censurée dévoile l’ampleur du dopage Athlétisme : une étude censurée dévoile l’ampleur du dopage](/data/posts/2022/07/18/1658155711_Athletisme-une-etude-censuree-devoile-l-ampleur-du-dopage.jpg)
Une semaine après la fin des Mondiaux de Moscou, le "New York Times" a découvert une étude qui révèle l'étendue du dopage dans le milieu de l'athlétisme. Un tiers des participants aux Mondiaux de Daegu en 2011 ont, en effet, avoué s'être dopés.
Alors que tous les yeux sont braqués sur la Jamaïque après une vague de contrôles positifs, une étude dévoilée vendredi par le "New York Times" révèle que le dopage ne concerne pas que quelques athlètes isolés.
En 2011 après avoir interrogé plus de 2000 athlètes sous couvert d’anonymat, des chercheurs, mandatés par l'agence mondiale antidopage (AMA), ont établi que les tricheurs étaient très nombreux. Selon cette enquête, 29% des sportifs questionnés lors des Mondiaux d’athlétisme de Daegu en Corée du Sud et 45% de ceux approchés lors des Jeux panarabes de Doha au Qatar ont avoué avoir utilisé des produits dopants lors des 12 derniers mois. Ces chiffres, très alarmants, sont bien supérieurs aux 2 % de résultats positifs décelés par l’agence mondiale antidopage en 2010.
Des résultats censurés
Après être arrivé à cette terrible conclusion il y a un an, les chercheurs ont cherché, sans succès, à publier leur étude. L’agence mondiale antidopage (AMA) oppose un refus, temporaire, afin de mener des recherches supplémentaires lors d’une prochaine compétition.
"Cela allait devenir une polémique vraiment importante et ils ont eu besoin de temps pour savoir comment la gérer", a expliqué au quotidien new yorkais l’un des chercheurs, qui préfère ne pas révéler son identité pour clause de confidentialité avec l’AMA.
Début 2013, l’équipe de scientifiques obtient finalement l’autorisation de dévoiler ses recherches, mais cette fois-ci c’est la revue américaine "Science" qui refuse de publier son travail, en raison du sujet abordé. Quelques semaines plus tard, l’AMA revient également sur son feu vert et demande aux chercheurs de patienter tant que la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) n’a pas donné son avis sur les résultats.
"Personne ne veut attraper personne"
Interrogée par le "New York Times", l’IAAF estime aujourd’hui que cette étude n’est pas "complète" car elle se base sur "un protocole de science sociale et sur une sorte de micro trottoir d’opinion des athlètes". La fédération internationale annonce qu’elle va désormais comparer les travaux de 2011 avec les résultats sanguins des récents Mondiaux de Moscou pour produire une "étude plus détaillée".
Cette réponse en demi-teinte et le fait que ces chiffres n’ont jusqu’à présent jamais été révélés au public démontre finalement que les instances internationales sont très réticentes à dévoiler l’étendue du dopage. Comme le résume Dick Pound, ancien directeur de l’AMA, dans les pages du journal américain : "Personne ne veut attraper personne. Il n’y a pas d’incitation. Les pays sont embarrassés si leurs athlètes se font attraper. Et les fédérations sont embarrassées si l’un de leurs sportifs est pris en faute".