Deux puissantes explosions ont frappé la ville de Tripoli, dans le nord du Liban, toutes deux à proximité d'une mosquée. Le correspondant de FRANCE 24 sur place fait état d'au moins 45 morts et plus de 300 blessés.
Deux explosions ont secoué vendredi 23 août la ville de Tripoli, la grande cité portuaire sunnite du nord du Liban, faisant au moins 45 morts et plus de 300 blessés, selon le correspondant de FRANCE 24 sur place, Badih Karhani. Les forces de sécurité annoncent un bilan provisoire de 42 morts, soit l'attaque la plus meurtrière dans le pays depuis la fin de la guerre civile en 1990.
itLa première explosion a eu lieu devant la mosquée Al-Taqwa, alors que les fidèles sortaient de la prière du vendredi. L'imam du lieu de culte, le cheikh Salem Rifai, avait appelé, en juin dernier, ses partisans au djihad contre le regime de Bachar al-Assad.
L'autre attentat, qui a également eu lieu à proximité d'une mosquée, celle d'Al-Salam, s'est produit près de la maison du Premier ministre, Najib Mikati, qui ne se trouvait pas à Tripoli, selon son bureau. "J'étais à une dizaine de mètres de l'endroit de l'explosion, qui a eu lieu juste avant la fin de la prière. À quelques minutes près, le bilan aurait été encore plus lourd", témoigne Badih Karhani.
La capitale du Liban-nord est régulièrement le théâtre d'affrontements entre les sunnites, qui soutiennent en majorité la rébellion syrienne et la communauté alaouite, plutôt favorable au régime de Bachar al-Assad.
Le spectre de la guerre civile
Ces explosions surviennent une semaine après un attentat à la voiture piégée qui a fait 27 mort à Roueiss, dans la banlieue de Beyrouth, un fief du Hezbollah, puissant mouvement chiite libanais allié de Damas. Le parti chiite a condamné le double attentat à Tripoli tout en le liant à l'explosion qui a frappé son fief, estimant qu'ils font partie d'un "plan pour plonger le Liban dans le chaos et la destruction".
itUn ancien responsable de la sécurité intérieure, Achraf Rifi, dont la maison à Tripoli a été endommagée par l'explosion de vendredi, a estimé que le Liban était menacé par une flambée de violence.
"Nous n'en sommes qu'au début de la tempête et nous devons rester conscients et essayer de protéger ce pays", a-t-il déclaré devant son domicile, selon des propos rapportés par l’agence REUTERS. "Cette tempête est devenue un énorme, un grave, danger." Des craintes confirmées par l’envoyé spécial de France 24 à Beyrouth, Mathieu Mabin, qui témoigne : "La population libanaise ne s'est jamais sentie aussi proche de la guerre civile. C'est pourquoi nous avons entendus les principaux dirigeants des différents partis libanais, y compris le Hezbollah, appeler au calme après ces nouveaux attentats."