Inspirés par le mouvement égyptien Tamarrod, à l'initiative des manifestations qui ont mené à la déposition de Mohamed Morsi, des Gazaouis ont créé leur propre mouvement et appelé à la mobilisation contre le Hamas, "un gang" qui opprimerait Gaza.
Le mouvement égyptien Tamarrod - rébellion en arabe -, à l’origine du renversement du président Mohamed Morsi début juillet, ne cesse de faire des émules. Après avoir gagné la Tunisie et le Bahreïn, le mouvement, né en avril au Caire, a inspiré un groupe de jeunes gens dans la bande de Gaza, qui ont récemment créé un Tamarrod palestinien.
Si sa création n’avait guère fait de vagues, son appel à un rassemblement massif et pacifique le 11 novembre prochain contre le Hamas, "un gang criminel" accusé d’oppresser les Gazaouis, fait couler beaucoup d’encre. Au point que les cadres du parti islamiste, au pouvoir depuis 2007 dans la bande côtière, ont accusé le Fatah de Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne qui administre la Cisjordanie, d’avoir lancé ce mouvement pour semer le chaos à Gaza.
"Nous vous affronterons avec nos poitrines nues"
Toujours est-il que le groupe, qui dispose d’une page Facebook "Tamarrod contre l’oppression à Gaza" suivie par plus de 38 000 abonnés, se dit affilié à aucun parti. Dans une vidéo mise en ligne sur YouTube le 19 août, quatre hommes cagoulés "affirment ne plus supporter de se taire" devant "l’injustice que fait régner le Hamas sur Gaza".
Le groupe dénonce avec vigueur l’oppression exercée par les "Frères", en référence au Hamas, apparenté historiquement et idéologiquement aux Frères musulmans égyptiens. Il accuse sans ambages le mouvement islamiste palestinien de s’adonner "aux meurtres, à la torture, à la corruption, aux trafics tout en semant le désordre", et ce, soulignent-ils, "au nom de la religion, de la nation et de la résistance". Partant de ce principe, Tamarrod ne veut pas "chasser" le Hamas de la bande de Gaza, mais il avertit qu’après le 11 novembre prochain - date anniversaire de la mort du leader palestinien Yasser Arafat -, le mouvement palestinien " ne gouvernera plus".
"Nous sommes prêts à tout sauf à utiliser les armes, parce que nous sommes différents de vous, nous ne dirigerons pas nos armes contre nos frères (…) nous vous affronterons avec nos poitrines nues", assènent-ils.
La nervosité du Hamas
Cette charge de "Tamarrod contre l’oppression à Gaza" a été prise très au sérieux par le Hamas. Selon plusieurs médias locaux et le "Los Angeles Times", les quatre individus qui apparaissent dans la vidéo postée sur YouTube ont été arrêtés le 20 août, soit le lendemain de sa mise en ligne. Un signe de la nervosité qui règne dans les rangs du mouvement islamiste.
Et pour cause, cette initiative intervient à un moment critique pour le Hamas, qui a essuyé un coup dur avec la chute en Égypte du président Morsi, issu des Frères musulmans. L’arrivée au pouvoir de la confrérie au Caire en juin 2012 avait été accueillie avec soulagement par les cadres du Hamas, qui entretenaient des relations très conflictuelles avec le régime d'Hosni Moubarak. Considérablement isolé dans la région et en grande difficulté financière, le mouvement islamiste palestinien a entamé une réconciliation avec son parrain militaire et financier iranien avec qui les liens étaient quasiment rompus en raison de leurs divergences de vue sur le conflit syrien.
Toutefois, alors même que la division politique qui est incarnée par l’existence de deux gouvernements distincts en Cisjordanie et à Gaza est dénoncée par "Tamarrod contre l’oppression à Gaza", plusieurs groupes revendiquant être le Tamarrod palestinien ont été créés depuis le mois de juillet. L’un d’entre eux gère une page Facebook qui compte plus de 20 000 abonnés. Pis, ces différents groupes n’affichent pas le même objectif, puisque certains appellent à se "rebeller" contre les deux pouvoirs, celui du Hamas et celui de l’Autorité palestinienne. La division, pire ennemie de la cause palestinienne ?