
Étudiants et universitaires grévistes excluent la reprise des cours tant que le projet de réforme des universités n'a pas été abrogé. Mais des divisions apparaissent dans le mouvement. Un appel à manifester a été lancé pour demain.
Dans le mouvement contre la loi sur la réforme des universités, la solidarité entre les étudiants et les présidents de facultés a vécu.
La Coordination des universités, qui regroupe 65 universités, ainsi que 15 autres établissements et 18 associations et syndicats, a rejeté, dans un communiqué, la possibilité de reprendre les cours tant que les réformes contestées ne seraient pas retirées.
Les cours sont suspendus dans les universités depuis le début du mouvement de grève, lancé il y a deux mois.
La Coordination réagissait aux propos de Lionel Collet, président de la Conférence des présidents d’universités, qui a déclaré qu' "il y a eu suffisamment d'avancées pour considérer qu'il est temps de reprendre les cours".
"Aucune de nos revendications n’a été satisfaite pour l’instant, indique la Coordination dans son communiqué. La durée du mouvement de grève est à imputer au seul gouvernement. (…) En outre, la Conférence des présidents d’universités n’a aucune légitimité à décréter unilatéralement la reprise des cours."
Des manifestations unitaires d’enseignants de la maternelle à l’université sont prévues les 8 et 28 avril, ainsi que le 1er mai.
Situation confuse selon les facultés
Le gouvernement a accepté de revoir, en partie, le décret réformant le statut des enseignants-chercheurs et a repoussé certaines autres mesures, comme la réforme de la formation des enseignants.
Mais le mouvement n’est pas terminé au plan national. Une certaine confusion règne même. Dans plusieurs facultés, et notamment dans les départements de lettres et de sciences humaines, les blocages se succèdent, les grévistes interdisant l'accès aux locaux aux non-grévistes.
Le blocage de l’université de Lyon I a été levé, lundi, alors que celui de l’université de Strasbourg a repris après une nouvelle assemblée générale.
À Rennes II, l'un des bastions du militantisme étudiant, le président de l’université et son personnel ont été relâchés en fin d’après-midi, lundi, après avoir été retenus dans les étages par une centaine d’étudiants radicaux.
L’enjeu : les examens
Les relations entre les étudiants grévistes et les directions des universités se tendent à l’approche des examens. À Rennes II, les manifestants réclament "un semestre blanc", c'est-à-dire l'octroi automatique des examens pour tous les étudiants de l'université.
Mais, dans l'ensemble, les présidents d’universités refusent de tels aménagements, craignant de voir la valeur des diplômes rabaissée. Ils privilégient les solutions consistant à déplacer le calendrier des examens, faire cours à distance ou pendant les vacances de Pâques.
"Ce qui nous inquiète, c'est que la crise a des effets en terme d'image dans les universités régulièrement affectées par les mouvements, déclarait Simone Bonnafous, porte-parole de la Conférence des présidents d'universités à l’AFP la semaine dernière. Les années précédentes, les inscriptions y étaient en baisse. Et, de manière générale, on remarque que les bacheliers continuent de vouloir aller dans les filières sélectives et non à l'université."