
Quatrième journée de violences au Caire, samedi, où des pro-Morsi, barricadés dans une mosquée, ont été délogés par la force. La communauté internationale craint désormais que les affrontements ne tournent à la guerre civile.
L’évacuation a duré toute la journée. Samedi 17 août, au lendemain du "vendredi de la colère", où 173 personnes ont trouvé la mort, les partisans du président déchu Mohamed Morsi étaient retranchés dans la mosquée Al-Fath, située sur la place Ramsès au Caire. Pour les déloger, la police a lancé un violent assaut et les a escorté au compte-goutte vers l’extérieur de l’édifice. Certains évacués ont été passés à tabac par des habitants du quartier en colère, tandis des échanges de tirs nourris ont eu lieu entre manifestants et forces de police. Selon les Frères musulmans, plus d'un millier de personnes se trouvaient alors dans la mosquée avant son évacuation.
Les affrontements ont enfin cessé en fin de journée et après ce nouvel épisode violent, le couvre-feu nocturne semble respecté. Le calme est revenu sur la place Ramsès, ainsi que dans le reste de la capitale égyptienne, selon Sonia Dridi, la correspondante de FRANCE 24 sur place. Toutefois, dans des gouvernorats voisins et dans d’autres villes comme Alexandrie, certains continuent de braver les autorités.
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Vers une guerre civile ?
En parallèle, la présidence à pris la parole à deux reprises dans la journée. Une première fois pour annoncer sa volonté de dissoudre l’organisation des Frères musulmans, puis une seconde fois pour tenter de répondre à la pluie de condamnations de la communauté internationale, qui s’inquiète de l’issue du conflit qui a déjà fait plus de 750 morts en quatre jours. "L’Égypte n’en n’est pas encore à la guerre civile mais de nombreux ingrédients sont réunis. Il ne semble plus y avoir de forces en mesure d’établir un compromis", explique Sonia Dridi, qui précise que les civils commencent également à s’armer d’eux-mêmes.
Pour se justifier, la présidence assure qu’elle veut la réconciliation, mais dit par ailleurs faire face à "une guerre menée par les forces extrémistes". Environ 250 membres de la confrérie sont visés par une enquête du parquet pour meurtre, tentative de meurtre et terrorisme, rapporte l'agence de presse Mena. Pour la seule journée de vendredi, plus de mille d'entre eux avaient été interpellés lors des manifestations.
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Soutiens à l’étranger
En Turquie, des milliers de manifestants se sont rassemblés, à l'appel d'organisations pro-islamistes en faveur de l’ex-président Morsi et ont appelé le monde musulman à "venir en aide au peuple égyptien massacré". Ils étaient 4 000 à Istanbul et près de 10 000 à dans le fief islamiste de Konya au centre du pays, selon l’agence Dogan.
D’autres manifestations ont eu lieu en France ou encore en Israël. Pour exprimer son soutien au pouvoir en place, le roi Abdallah d'Arabie saoudite a ordonné, lui, l'envoi de trois hôpitaux mobiles dans le pays. Avec cette aide, l'Arabie saoudite entend "soutenir le peuple frère de l'Égypte et alléger la pression sur les hôpitaux là-bas", selon un responsable saoudien cité par l'agence officielle SPA.
Les évènement de la nuit de vendredi à samedi en images ci-dessous. Attention, les photos de ce diaporama peuvent heurter les sensibilités :