À six semaines des élections législative fédérales, et alors qu'elle brigue un troisième mandat, la chancelière allemande a lancé son site internet. D’habitude très discrète, elle évoque son parcours et ses goûts, le tout illustré par des photos.
Savez-vous qu’Angela Merkel confectionne particulièrement bien la soupe de pomme de terre ? Qu’elle a la main verte et qu’elle apprécie de déguster les légumes de son jardin ? Ou qu’elle partage l’amour de la musique classique et de l’opéra avec son mari ? Sur son site internet, actif depuis mercredi 14 août, www.angela-merkel.de, la chancelière allemande, habituellement peu encline à évoquer sa vie privée, se laisse aller aux confidences.
Des confidences en images : on la voit, petite fille blonde aux cheveux bouclés, jouer avec sa poupée, ou jeune femme, vêtue d’une longue jupe en jean et d’un tee-shirt un peu "décontracté", attablée, un verre à la main, dans un local politique. Angela, sérieuse, au travail, Angela, rêveuse, au bord de la mer…
La chancelière raconte sa vie, son enfance heureuse à Hambourg, à l'époque en Allemagne de l’Est, auprès de son frère Marcus et de sa sœur Irène. Elle évoque ses études de sciences naturelles, une matière qu’elle fait sienne car "les autorités est-allemandes ne pouvaient que peu interférer avec les lois de la nature", puis son doctorat en physique qu’elle passe à Berlin en 1986. "C’était un travail difficile, mais aussi un bon moment", se souvient-elle.
Puis vient la chute du mur de Berlin en 1989 et l’implosion du bloc soviétique. "La révolution pacifique et la réunification de l’Allemagne a considérablement changé ma vie", assure l’actuelle chancelière. "Cette nouvelle liberté [..] a éveillé en moi la curiosité et le désir de participer activement aux changements", poursuit-elle, évoquant un "moment intense et passionnant".
Opération séduction
À l’évidence "Mutti" ("Maman", en allemand) tente ici une sérieuse opération séduction, à six semaines des élections législatives fédérales prévues le 22 septembre. Elle y brigue un troisième mandat à la tête du gouvernement allemand. La numéro un du Parti chrétien-démocrate (CDU) a d’ailleurs lancé son site le même jour que sa campagne électorale.
Aussitôt rendu public, aussitôt moqué. www.angela-merkel.de a immédiatement créé un buzz en Allemagne – d’autant que la page www.angelamerkel.de, dont l’url est légèrement différente, renvoie, elle, sur le site du Parti social-démocrate (SPD), avec lequel le parti de la chancelière s’était allié entre 2005 et 2009. "Ne pas oublier le tiret à Angela-Merkel.de sous peine de tomber sur le site du SPD", s’amuse ainsi @Tigerymous, alors que @melvine ironise sur "les efforts d’Angela pour paraître humaine"…
Angela Merkel est créditée d’environ 40 % des intentions de vote (15 points devant le SPD) à un mois et demi des élections. Elle reste donc très populaire outre-Rhin. Mais, si ces pronostics se confirment, elle ne pourra pas éviter un gouvernement de coalition. La chancelière se jette donc à corps perdu dans la bataille électorale, enchaînant les réunions publiques et les déplacements pour tenter de récupérer des voix une par une. Quitte à se faire violence pour dévoiler des pans de sa vie privée sur Internet.